mardi 8 décembre 2009

portrait d'Hommes malades (vision très engagée)

Ruelles sombres, air vif qui tranche la peau comme des lames de rasoirs, ambiance chaotique. Une femme titube sur les pavés. Une bouteille dans une main, et se balançant le long de son corps, son autre bras où les os accrochés à son omoplate pendent nonchalamment en rythme avec ses pas. L'éther ronge ses viscères, son foie et, comme un feu de signalisation, rougis son visage couvert d'une touffe de cheveux blondis, où déjà ses yeux sont vagues et sans expression. Elle parle toute seule, elle est sans but apparent. Sans doute n'a t-elle pas de chez elle. Sa destination: la rue, sa maison: quelconque coin de rue, muret ou encore seuil de banque. Elle est jeune et pourtant son corps paraît comme une sculpture vieillie par une vie de bohème. Le même portrait se répète tout au long de la Calle Elvira. Des personnages, attaqués par une vie qui n'a pas été clémente avec eux, sont là, dans ce décor lugubre, assis ou titubants et nous fixent intensément de ce regard vide. L'un me demande une cigarette, un autre, portant sur ses épaules un vieux téléviseur et chantant, me demande une cigarette à son tour. Un monde nocturne qui contraste avec celui du jour où défilent les touristes, les badauds, les spectateurs et admirateurs d'une ruelle aux tons orientaux et aux contours médiévaux qui les font, nous font, voyager dans un autre temps au milieu d'une ville moderne aux mêmes enseignes de multinationales que dans n'importe qu'elle grande ville d'Europe et du monde. Portrait romancé par effet de style, mais qui est le résultat, lui réel, d'une humanité malade, d'une maladie sans vaccin découvert, jusqu'ici, par notre tendre et chère pharmaceutique politique. Certains choisissent volontairement de s'éclipser de ce monde, dans une montagne moins sauvage que la ville, vivant comme nos ancêtres, dans des grottes. D'autres subissent les contre coups de cette maladie et ne sont pas seulement, ceux de la rue qui n'ont pas le sous, mais aussi ceux qui vivent dans l'abondance, également perdus, voire, parfois plus que ceux qu'on appellent "marginaux", "SDF", "chômeurs", etc... Perdus dans leur être, étouffés par la société matérialiste tant idéalisée par de nombreux rêves d'un Eldorado occidental. Les jeunes cherchent leur identité oubliée dans le précipice creusé par leurs ancêtres au court de l'histoire. Ce donnent des styles conventionnels ou originaux pour se sentir appartenir à la néo-tribus sociale construite de toute pièce par des images véhiculées à la télé, à la radio, dans l'institution actuelle, par nos politiques, par nos parents, qui sont dans l'inconscience d'être, eux aussi affectés et ne le font pas de manière volontaire. La confusion croît au court de la vie de chaque individu, la maturation nous plonge dans l'incertitude, le doute, le flou sur le but de notre expérience dans l'incarnation, notre raison d'être. Cet état dubitatif n'apparait que par périodes, il surgit de la profondeur obscure de notre Être. On préfère laisser à la trappe ces questionnements, se réfugiant dans la pseudo stabilité de notre état, dans le confort (ou pas) de notre maison, de notre situation économique, au sein de la famille qui nous donne un rôle. Mais le père, la mère, qui voit son enfant grandir et quitter le nid, finit parfois par ne plus savoir quelle est sa place, son rôle, s'il en a un (ce demande t-il). Le jour où la stabilité financière se retrouve bouleversée par la crise, le stress commence à envahir l'individu jusqu'à suer dans ses pores. Quand il s'agit de se séparer de son conjoint, alors c'est une nouvelle personne qui doit se reconstruire. A 40 ans souvent, les yeux s'ouvrent brutalement sur une réalité : la vie n'a été qu'une illusion. On est comme à un retour à l'adolescence, à se rechercher une fois de plus. Cela fatigue le corps et l'esprit, que l'adolescent lui à les ressources pour combattre plus facilement. Triste tableau que je dépeints là. Ce n'est que ce que je pense maintenant, à ce moment précis et je ne considère pas cette réflexion comme un destin inéluctable. Je crois même que les preuves qui m'ont été données de voir des vies saines et harmonieuses sont encourageantes et me donnent de l'espoir dans la noirceur de la peinture. Il y a toujours un point lumineux qui conduit vers le soleil, vers l'accomplissement de l'être, une frange d'or dans un ciel nuageux. Posons nous plus souvent pour se retrouver soi même, méditons sur nous même et la vie qui nous a été offerte d'expérimenter, montons en haut de la colline pour percevoir le monde de plus haut et élever notre pensée. Aimons nous, nous -même et aimons les autres, nos ennemis en premier. Soyons satisfaits d'être plutôt que d'avoir. Un week end à la campagne c'est génial! Mais je crois que ce n'est pas suffisant. On porte sur notre dos une charge lourde et encombrante où que l'on soit. C'est, à mon sens donc, à l'intérieur qu'il faut chercher la sérénité, l'environnement ne peut que y contribuer mais tout vient de nous même. Après avoir déballé mes états d'âme, avoir provoqué, je vais m'arrêter là pour aujourd'hui et reposer mon esprit enflammé et le votre, lecteurs quelques vous soyez.

dimanche 6 décembre 2009

Toujours plus loin, toujours plus haut.

Sur le versant ombragé de la montagne, je m'engageais dans une aventure périlleuse. Il faisait 5 degrés, s'étalaient des pans entiers d'herbes dans une couverture gelée. Au loin résonnait le chant des coqs, en chœur avec les cloches de la cathédrale. Je ne savais pas où me mènerait ce chemin, mais une chose était sûre, il me conduirait toujours plus loin, toujours plus haut. A la découverte de Grenade sous un autre angle. Je crois que je n'aurais jamais assez d'une année pour découvrir toutes les merveilles qu'offre, à nos yeux ébahis, cette ville splendide aux milles secrets. Je m'avançais sur le chemin qui montait vers un inconnu, un versant que je n'avais pas encore exploré. Derrière moi la ville s'éloignait et devenait de plus en plus petite, caressée par un froid piquant et une lumière blanchie par l'hiver. Des cheminées crachaient leur fumée dégageant des parfums de châtaignes grillées ou de bois humide donnant leurs dernières ressources énergétiques. Les arbres portaient sur leurs épaules de longs châles de feuilles dorées ou couleur sang, qui brillaient dans leur transparence, traversées par des rayons bienfaisants d'un soleil à la lumière dégoulinante comme une douce vague s'étalant sur les toits, dans la vallée, sur les maisons. L'automne peint la ville d'un chinée de couleurs ocres et jaunis. Tapisse les murs d'un jaune pale, et où les ombres des passant se perdent dans le tapis de feuilles mortes. Un régale pour les yeux, un poème pour les romantiques, et des mots qui voudraient exprimer la grandeur de cette vision mais n'arrivent pas à sortir. Je croisais sur le chemin des badauds en promenade dominicale, profitant de ce don de la nature. Je gravissais ce chemin, mais ne pouvais encore imaginer ce qui m'attendait plus loin. Des petits chemins de terre, où les pierres roulent, la terre glissent sous les semelles s'élançaient derrière des branchages marrons-verts. Ça sentait l'humus, et la fraicheur qui me piquait le nez s'était transformer en vapeur de chaleur sous mon manteau par l'énergie que produisait mon corps. Ce que je prenais pour la fin de mon périple était en réalité le début de l'aventure, le chemin était de plus en plus petit et de plus en plus sinueux. Arrivée à ce que je pensais être un cul de sac un chiot vint me sauter dessus pour jouer. Il appartenait à un de ces nombreux Hommes des cuevas (troglodyte) qui vit là, isolé de tous, dans ces trous dans la roche fermés par une couverture. Son petit chez soi est très bien aménagé, il y a même des pancartes où il est inscrit « toilettes » sur une porte enclavée dans la roche. Il était vêtu d'un pantalon militaire, d'un bonnet, d'un gros pull et son visage était parcouru par des tranchées que la vie lui avait creusée. Très aimable, il m'indiqua le chemin que je devais suivre si je voulais continuer ma randonnée improvisée. Je serais bien restée avec lui à parler du pourquoi du comment d'une vie dans une grotte. Les grottes - ai-je lu plus tard - sont là depuis la période du paléolithique et étaient habitées par les hommes avant que naissent l'agriculture et l'élevage. La tradition s'est perpétrée et de nombreux artistes, ermites y vivent encore. Une rencontre que je trouvais peu banale et qui me faisais penser à tous ces chamans dans les film qui vivent dans la montagnes avec ce que leur offre la nature, clémente soit elle à ses heures ou stérile à d'autres moments. Je m'engageais donc entre les branches et les herbes de la steppe, peu sûre de moi même et de mes jambes qui commençaient à flagoêller à la vue du vide qui s'étalait le long du chemin. Je passais sous les branches en m'agrippant autant que je pouvais. Une chanson très kitch passait en boucle dans ma tête, « toujours plus haut.... toujours plus haut oh oh oh …..la la la la » d'ailleurs les paroles ne sont probablement pas celles là. Mes pieds glissaient et je ne faisais vraiment pas la fière. Je m'imaginais dégringoler la montagne et cette idée me coupait les jambes. Je me répétais en même temps que la chanson défilait, ou entre deux temps « courageuse, mais pas téméraire », je m'obligeais donc à avancer contre ma peur à la découverte de l'incertain et du difficile, mais du merveilleux dépaysement et d'une grande tranquillité loin du fourmillement de la ville. Après avoir glissé sur deux trois pierres, avoir eu mon coeur qui battait la chamade, m'être agrippée à du houx, avoir enserrer une branche d'arbre, m'être accrochée à une racine, je décidais de m'arrêter par là et de poser mes fesses sur une botte de terre dominant le vide. En face, je prenais conscience qu'il y avait autre chose derrière les montagnes et qu'un monde existait au delà de ma vision réduite que j'avais de Grenade. J'étais stupéfaite et contente. Je me fumais une clope assise dans l'herbe mouillée et froide. Ma pensée voyageait dans les vallées, les monts, la roche, les cuevas, la grandeur dans le vide. Enfin, je pensais au chemin du retour, je retournais sur mes pas, mais alors que l'allée m'avait parut difficile, le retour n'en était que pire. Monter n'était pas si difficile comparé à la descente glissante et sans attaches. Je courais dans la pente pour que mes pieds aient le moins d'appuis possibles au sol. Je m'amortissais dans la montée suivante. Il y avait là un chemin qui descendait et me semblait moins dangereux que le premier. Je passais par là, me disant que si ça n'aboutissait pas, je pourrais toujours faire demi tour. Me m'engouffrais dans un bosqué le long du vide toujours et arrivais encore à un cul de sac. Avec mon fâcheux entêtement de ne jamais revenir sur mes pas, je me suis entrainée dans une escalade sur un terrain escarpé. Je m'accrochais aux pierres que je trouvais, mes pieds glissaient, je prenais une impulsion pour attraper une racine d'arbre, que je ne pouvais qu'imaginer solide. J'étais dans un équilibre incertain et me lançais en un seul mouvement en quête de prises. Mes jambes tremblaient et je me disais que j'étais folle de faire ça. Mais une fois que ma main rencontra une branche solide et que mes pieds me lâchaient à ce moment là, j'entrepris de bloquer mon pied dans la même racine que l'arbre ou je m'étais perchée. Il me restais plus que quelques mètres avant de gagner le sommet et d'être libérée de cette galère où je m'étais mise toute seule. J'avais réussis à surmonter l'obstacle sans revenir en arrière. J'étais contente, mais je me rendais compte que dans la vie parfois on peu se simplifier les choses en revenant quelques pas en arrière et choisissant un chemin plus facile. Mais pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? Une fois rejoint le chemin de randonnée normal, la route me parue plus rapide et moins intrépide. Je retournais dans la civilisation et me rendais compte que l'évasion dans la nature n'était qu'à quelques mètres de l'urbanisme. Cette contrée est vraiment étonnante par ça variété de paysages. Je me fondais dans la foule de touristes venus pour le pont. Sale et pleine de terre. Encore pleine de l'émotion que m'avait procurée mon excursion.

dimanche 25 octobre 2009

le coucher de soleil sur Grenade

Dimanche 25 octobre. Il est 17h30. Le soleil commence à baisser dans le ciel. Il fait encore chaud. Je me décide à aller à Albaicyn profiter de la beauté qu'offre le coucher de soleil. Je descends, armée de mon appareil photo. Je ne sais pas dans combien de temps le soleil sera vraiment à l'horizon, offrant à nos yeux ébahis, la beauté de sa lumière. J'attends le bus, maudissant son retard. Je serais prête à faire du stop s'il le fallait pour ne pas être en retard pour ce spectacle fabuleux. Je descends à Triunfo, imaginant que je retrouverais rapidement de le chemin du Mirador, mais sans conviction. J'entre par la porte d'Elvira, je marche sur ses rues pavées et m'engouffre dans ses ruelles. Je monte à la première rue qui donne dans le labyrinthe de l'Abaicyn. Je découvre une fois encore une nouvelle rue. Une ruelle pavée, une fois encore, aux pierres arrondies par les nombreux passages des marcheurs. Je découvre une pente abrupte et mes muscles des jambes le sentent. Je pars d'un pas rapide et au fur et à mesure, je ralentie par la fatigue. Mais arrivée en haut je rencontre un paysage merveilleux, où le soleil encore radieux illumine la ville et reflète sa lumière sur les murs blancs des vieilles bâtisses. Navigant maintenant sans boussole ni indications, je me perds. Perchés sur un mur, des chats sont blottis les uns contre les autres, les yeux plissés comme envahis par la sérénité d'un tableau aux multiples décors. Ils sont paisibles et beaux. Me voilà absolument paumée, je n'ai aucun repère et je commence à me dire que mon goût pour la découverte va me couter cher si je n'arrive pas à mon objectif avant la nuit tombée. Je déguste cependant chacune des vues qui me sont données de voir. Je suis de nouveau au même endroit que 5 minutes plus tot, j'ai tourné en rond. Je désespère un peu mais continue mon chemin le plus rapidement possible comme entrée dans une course contre le soleil. Je crois reconnaître des murs, des dessins, des pavés, des maisons, mais je suis encore dans un mirage et me perds de nouveau, mais découvre en route d'autres coins toujours plus intéressants les uns que les autres. Où vais-je, où suis-je? Mais finalement ces questions sont les questions que je me pose tous les jours et pourtant, je me sens plus sure de l'issue de ce vagabondage que de l'issue de ma vie. Je cherche à m'orienter avec le soleil, mais les hauts murs qui bordent les rues, m'empêchent d'avoir quelques informations possibles pour m'aider à avoir une idée du lieu où je pouvais être. Je pense suivre les touristes, mais ils vont dans tous les sens. J'aperçois enfin l'église de la place du Mirador au bout d'une rue. Mon coeur commence à s'emplir de satisfaction et de joie. Je suis aussi soulagée, car j'ai gagné ma course et ne serais pas en retard pour le spectacle. La place est bondée de touristes, de roots, d'amoureux, de chanteurs à la guitare, de spectateurs en tout genre. J'essaie de me frayer un chemin pour atteindre un point de vue qui me permettra de prendre des photos. Je suis en extase. Je ne m'étais pas trompée, le spectacle qui se déroule ici est merveilleux. Le soleil descend rapidement derrière les montagnes, donnant des tons différents aux paysages à chaque instant. Alors que les jardins dans l'Alhambra dessinaient des ombres sur ses parois, il advint rapidement qu'elle fut sombrée dans l'obscurité. Les monts passant du gris à l'ocre, fendus par un vert intense et parsemés des quelques neiges tombées ces derniers jours. Peu à peu, le monde est plongé dans l'obscurité, les yeux brillent et reflètent la rougeur du ciel, contrastée par la noirceur des sommets lointains. Les étoiles de la ville commencent à scintiller. Alors que nous sommes dans la grandeur de la nature, la ville s'agite en bas, mais semble loin de toute la beauté dans laquelle elle est bercée. J'ai retrouvé mes sens, je ne suis plus perdue et admire en silence, un silence intérieur entrecoupé par la musique et les voix des gens autour de moi. Je m'assoie à une terrasse, je commande une bière comme ultime cadeau, comme plaisir final après la jouissance. Repartie, ragaillardie, je file au gré des rues. Et finalement, mon plaisir ne s'est pas arrêté sur la place à la terrasse. Il fait très sombre, mais le rouge de la lumière est devenu beaucoup plus intense et le contraste avec les montagnes est encore plus marqué, les silhouettes des cactus dansent sur un fond de roche, et la ville scintille encore plus. Il fait un peu plus frais maintenant, mais mon petit pull à manche mi courtes est amplement suffisant. Albaicyn, c'est comme un passage entre la nature et la ville par lequel il faut se perdre pour ne pas effectuer le transfert trop promptement. Et ce coup ci je connais mon chemin et avance seule.

dimanche 11 octobre 2009





Repas de famille à la mexicaine

Alors que ma famille française se réunissait ce samedi en France, je passais moi mon samedi en compagnie de ma famille espagnole. Quel moment fabuleux passé en leur compagnie. Je me réveillais doucement mais surement, avec la fatigue qu'avait engendrée la soirée de la veille. Je me préparais pour partir à Albolote, mon ancien village d'une dizaine de jours. Je partais de l'appart sous la chaleur du Zénith prendre mon bus. Il m'a fallut une bonne demi heure pour me rappeler que le samedi le 123 ne circulait pas. J'appelais donc Azu pour la prévenir que j'allais devoir me rendre au centre pour prendre le bus et que je serai donc en retard. Il était 14h40 quand j'arrivais enfin et nous nous mettions en fait tout juste à cuisiner. Je pelais les tomates comme d'habitude, puis les coupais en morceaux. Nous préparions un ceviche de marisco con gambas avec du riz et des chifles (bananes coupées en fine tranches, puis frites). 15h30 nous commencions à manger. Quel délice! Les chifles étaient juste croquantes et sucrées/salées comme il faut. Un peu plus tard nous voilà en train de jouer de la guitare et de nous entrainer à la flûte. Nous attendions les mexicaines qui tardaient à venir et nous mettions donc à jouer aux cartes avec Azu. Nous commencions calmement par un jeu à elle, appelé 31, puis je lui appris les règles du speed et nous voilà comme deux folles en train de nous battre pour poser nos cartes le plus vite possible en cris et en rires. Les mexicaines n'étaient toujours pas arrivées à 22h et nous décidions de commencer la préparation du repas du soir. Deux jeunes filles aux traits typiques mexicains arrivent enfin vêtues de rose toutes deux, les yeux noir intenses et en forme d'amandes, des cheveux d'un même noir intense et brillant, de hautes pommettes et un sourire aux dents bien alignées. Chacune à son poste nous nous mettions en scène, l'une préparant les morceaux de poulets, l'autre coupant les poivrons rouges, l'autre les tomates. Je me mis à chanter en français puis chacune son tour nous chantions les chansons de chez nous. Nous avons eu le droit aux chants mexicains, équatoriens, français, espagnols. Pendant ce temps là la cuisine était emplis de fins fumets, l'odeur du poulet qui grillait sur la pôele sur un lit de poivrons rouges et d'oignons soupoudrés d'épices. Ce moment était délectable et délicieux. Partage de cultures autour de la préparation d'un repas qui dura presque une heure. Le repas commença par un bénédicité pour remercier dieu de cette rencontre, de l'amour qu'il nous offre et de sa grande générosité, nous le remercions pour ce repas. La soirée continua en partages, en histoires, en questions, en simple bonheur d'être ensemble. Il était presque une heure du matin quand je demandais à Gerardo s'il pouvait me ramener. Nous prîmes la voiture et partîmes vers Grenade. Nous poursuivions cet échange inter culturel et analysions toutes les possibilités de recevoir des étrangers. Gerardo ne pouvant pas voyager par son boulot avait trouvé cette idée de recevoir avec couch surfing très intéressante, enrichissant sa connaissance du monde tout en restant chez lui. Il est curieux et attentif, il a envie de connaître l'inconnu, de voyager par les récits des étrangers de passage chez lui. En chemin nous avons croisé les prostituées, se mouvants sur les trottoirs pour attirer les hommes en quête d'expériences nocturnes dans les bras d'une femme. Elle ne sont vêtues que d'un collant et d'un string avec un haut plus que décolté. Et marchent sur leurs grands talons vers les voitures. C'est mon quartiers, c'est quasiment ma rue où elles font leur taff. Je descends, remercie encore une fois Gerardo pour la soirée et lui promets de lui faire gouter des spécialités françaises. Je n'ai plus qu'à me mettre à la recherche de recettes et essayer de faire du mieux que je pourrais. Morphée est arrivé presque en même temps que moi dans l'appart et je l'ai accompagné dans le sommeil où il me plongeait.

mardi 6 octobre 2009

flash back



Cela fait maintenant 3 semaines que je suis et j'entame la 4ème.

(Mardi 15 septembre)
Je suis arrivée par eurolines le mardi 15 septembre 2009 à 19h30. Je quitte Bernardo, ce vieux papi de 70 ans sachant que j'étais invitée à l'appeler quand je voulais. Je vois ce gars là attendant face à la rue. Je me dis que c'est certainement le Gerardo de couch surfing qui est là pour m'accueillir. Je le regarde un peu plus intensément et me dirige vers lui. Il me regarde aussi et se demande surement ce que j'ai à le regarder ainsi. Ce sont mes premiers pas à Grenade.
La première impression fut: « eh bein!! cet urbanisme étouffant n'arrive pas à la hauteur de la réputation qu'on avait fait de la ville. Je regarde fatiguée ces bâtiments de briques rouges, aux fenêtre barricadées derrières des grilles aux formes élégantes ma foi, mais en rien exotique ou surprenant. Je me dis que je ne dois pas être dans le plus beau des quartiers et qu'il ne faut pas que je me base sur cette première vision car j'ai appris au cours des voyages à ne pas me fier à ce genre d'impression. Je ne suis pas timide mais sans mots pour Gerardo, mais heureusement il me pose quelques questions auxquelles je réponds du mieux que mon niveau de langue me le permette. Je ne craint pas cet homme qui m'a l'air très sympa, je me laisse guider à mon instinct.
Je l'ai rencontré il y a quelques jours sur le site couch surfing. Je lui ai envoyé mon message standard pour trouver un lieu où me loger gratuitement une ou deux nuits. Ce qui m'évite de payer l'auberge et me permet de rencontrer des gens. Je reçois une réponse de sa part un ou deux jours après avoir envahi les boites aux lettres des couch surfeur de Grenade. Il me dit qu'en gros y'a pas de problème pour qu'il m'accueille. Il me demande ma date d'arrivée me dit ses disponibilités pour venir me chercher éventuellement, je lui donne donc mes horaires d'arrivées. On se donne en quelque sorte rendez vous le mardi 15 à 18h30, heure initiale d'arrivée. Je ne savais en fait pas combien de temps je pourrais rester chez lui, ni son adresse, ni si il fallait amener un duvet, ni si j'allais être nourrit en arrivant, ni rien d'autre que son numéro de téléphone, le fait qu'il est un fils et qu'il soit camionneur. Et pourtant je ne m'inquiète pas du tout. Je n'ai même pas de plans de secours si je dois quitter leur famille rapidement. Je ne sais pas où il y a d'auberge, combien de temps ça prend en moyenne pour trouver un appart. Je pars à la rache complètement, mais pire que quand je suis partie au Pérou.
En arrivant j'ai fait la connaissance d'Alex le fils de Gerardo, puis d'un américain Bob aussi hébergé pour quelques jours. Et un peu plus tard Azucena, à ma grande surprise dans la mesure où c'était aussi le prénom de la femme chez qui j'ai vécu au Pérou, est arrivée. Une jeune femme de 28 ans d'origine équadorienne.
A peine arrivée je me retrouve traductrice anglais/ espagnol, et donc espagnol/anglais. Mon cerveau avait des connections qui ne se faisait pas très bien pour la conversion de ma langue natale en deux langues étrangères. Cependant, je faisais mon travail de traduction tant bien que mal, ce qui me permettait aussi de ne pas avoir à parler de moi et de répondre à des questions.

Le soir même je ne savais rien de ce qui allait se faire le lendemain. J'étais partie dans l'idée de chercher le plus rapidement possible un appart étant donné que je ne savais pas combien de temps je serais la bienvenue chez eux. Mais en allant me coucher pleine de fatigue et le dos en compote, je leur demandais à quelle heure fallait ce lever... approximativement à 8h30, mais pourquoi, pour qui, comment?

(Mercredi 16 septembre)
Je m'exécutais le matin, et partais en voiture avec l'Américain et Geraldo sans savoir où on allait. Nous arrivons par une route de montagne à un point de vue magnifique sur toute la ville.

Sur le bord de la route il y avait un « tabla flamenca », bâtiment superbe avec céramiques, ornement,
Nous nous engouffrons dans le labyrinthe d'Albaycín pour la première fois. Je suis subjuguée par l'endroit. Je découvre le vieux Grenade, le quartier le plus beau, notre Montmartres à Paris, notre Bouffay à Nantes (notre base sous marine à Saint Nazaire, hihi). J'ai ma chemine sous le bras avec mes numéros de téléphones, me demande quelle va être le programme, mais le laisse guider dans les rues. Nous surgissons sur une place. La vue est absolument magnifique. Notre américain tient absolument à prendre tout pleins de photos. En même temps des gens jouent de la guitarra Flamenca ce qui nous met directement dans l'ambiance andalouse.


Notre américain est venu à la recherche d'amis danois dans un lieu dont il ne connait qu'à peine le nom, sans numéro de téléphone, avec seulement une heure approximative de rendez vous. Nous montons, pas sans peine, vers Sacromonte où il y a beaucoup de Cuevas, qui sont des troglodytes. Elles sont habitées par des jeunes hippies en général. Mais il se trouve par là aussi des hôtels, des chambres à louer. Je regrette de ne pas avoir pris mon appareil photos. Les photos en auraient certainement plus dit que mes mots.

Nous abandonnons Bob à ses amis et redescendons ses rues que l'on a eu tant de mal à monter. Mais c'est chance qu'il est des côtes rudes et fatigantes à monter pour que le plaisir de les redescendre soit d'autant plus intense (philosophie de Marianne en toute justesse). Mon ressenti premier de la ville est immédiatement chassé par la balade que nous effectuons ici. Je m'extasie devant une pancarte coca cola écrite avec une belle lettrine et fondu dans un arrière plan calligraphié. Je n'ai que mes yeux pour le voir et mon coeur pour m'en réjouir parce que je ne peux pas expliquer cela par mes mots à Geraldo qui en plus ne doit plus être sensible à ça. Nous débouchons le long de la rivière de Grenade là où la montagne prend racine pour porter sur son dos jusqu'à son sommet l'Alhambra, laissant sur ces reins quelques bâtisses anciennes. Il y a ici plus de touristes dans marchant armés de leur appareil photos, de leurs chaussures de rando, de leur petit short aux bords retroussés, et ombrant leur yeux de leur casquette ou chapeaux. J'entends baragouiner dans toutes les langues, mais finalement peu en castillan. Nous partageons difficilement la route avec voitures, mobylettes, poussettes, passants... Dans un troisième plan, au delà de l'urbanisme, on peut voir les montagnes, comme une mère bienveillante protégeant ses enfants. Nous allons plaza Nueva et mon guide m'explique que la rue Elmira qui la borde est la rue à tapas la plus fréquentée par les étudiants à grenade. Les tapas y sont pas chers et on est bien servi.

Je vois sur un mur une affiche où il est écrit qu'il y a des cours de salsa cubaine gratos tous les dimanches soirs. Je me mets déjà à me faire un programme dans la semaine et aller danser dans la chaleur de cuba dans les rues de Grenade à la rencontre des gens. Nous sommes arrivés dans le centre ville et le charmant Albaycin s'est transformé en centre ville banal, aux enseignes internationales, aux nombreuses banques, aux fast food, magasin de fringues, etc.... Nous allons à l'office du tourisme prendre un plan de la ville, que je n'imaginais pas être dans le futur mon objet le plus précieux, et des info. Je prends la carte et la bonne femme me demande si je n'ai pas besoin de plus d'info avant de partir, mais je ne savais pas quoi demander puisque je ne savais pas ce que je cherchais. Je lui répondis donc « estoy buscando un piso a compartir. Estoy estudiando a la facultad de INEF. »
« Vale!..... » elle commence à m'expliquer les quartiers où il ne faut vraiment pas aller, genre El Poligono, les quartiers sympa où ça bouge bien, etc...Je n'avais encore aucune idée des facteurs que j'allais mettre en comparaison pour faire mon choix dans les appart.

Nous rentrions à Albolote. Bob arrivait peu de temps plus tard complètement énervé, il essayait de nous expliquer quelque chose qu'il avait vu qui l'avait enchanté mais je ne comprenais rien il parlait trop vite. En gros il essayait de nous dire qu'il avait visité un village de Hobbits et qu'il avait juste adoré, qu'il avait trouvé ça génial!! Il nous montre les photos et on commence enfin à comprendre ce qu'il voulait dire. Effectivement il y avait bien des petites maisons qui ressemblaient aux maisons de l'imagination de Tolkien. Et alors qu'il racontait qu'il avait lu tous les seigneurs des anneaux et plusieurs fois, il ajoutait qu'il lisait en se promenant et que ça lui arrivait aussi de jongler pendant qu'il marchait pour tuer le temps. Du coup j'ai sorti mes balles de jonglage et on s'est tous mis à jongler dans le salon.


Un peu plus tard dans la journée nous avons du visiter un ou deux appart après avoir pris des numéros sur les poteaux, cabines téléphoniques, etc....

J'ai rencontré une collègue du cours de couture d'Azucena qui cherchait aussi un appart et elle voulait qu'on fasse les recherches ensemble. Quand je l'ai vu j'ai commencé à désespérer de cet attachement soudain et je ne voulais pas chercher avec elle, elle me faisait peur, mais je ne savoir pas quoi lui dire. La première visite c'était un appart sombre et triste avec des meubles tout moches, je me suis dit que ça ne me conviendrais pas du tout, pourtant la femme avec qui j'étais censée chercher était hyper enthousiasmée.
Enfin on part Bob, Azu, Alex, Geraldo et moi vers la Plaza de Toros sous la pluie battante. Le quartier me botte bien, on prendre des numéros encore, je suis contente, y'a plein d'annonce et je ne suis pas toute seule à chercher, bien que ça ne durerait pas.

Pendant que Azu et Geraldo s'énervaient en cuisine pour nous préparer le repas, je regardais les photos de Bob sur sa maison et sa campagne. Il nous racontait ses histoires de balades, etc... Puis un peu plus tard il me raconta comment il avait pu être complètement drogué à une période de sa vie.
Je suis surprise par ces révélations qui dans le fond ne me concernaient pas, mais il semblait contente de pouvoir en parler, mais me demandai de ne pas en parler à la famille.
S'ensuivit à ces histoires le repas. Nous avons eu le droit au repas à des spécialités équadorienne: enpanadas con chifles y un cola cao. C'est à dire: la enpanada c'est de la pâte de pain que l'on forme en un grand cercle, on y glisse du fromage, on plie en deux et on fait frire. Los chifles sont des rondelles de bananes frites qui donnent des sortes de chips de banane, et le cola cao est une marque de chocolat en poudre pour faire un chocolat chaud qui accompagne l'ensemble. Autant dire un repas très équilibré. On ne se demande pas pourquoi il y a des problème de sur-poids en Espagne et en Équateur surement aussi. Néanmoins c'est très bon, bien qu'un peu lourd.
Après le repas Azu regardait le foot, Bob et Geraldo faisaient la vaisselle et rangeaient la cuisine. Une inversion des rôles. Je trouvais ça drôle que les femmes glandent pendant que les hommes trimaient.

(Jeudi 17 septembre)
Le jeudi matin je ne savais toujours pas quel était le programme de chacun, comment je pouvais me rendre à Grenade et quitter donc ce petit village d'Albolote. Comment je faisais pour sortir sans les clés, à quelle heure rentraient les uns et les autres. Je ne savais pas si il y avait du monde encore dans l'appart, mais bientôt alors que j'écrivais mon voyage en bus, Bob sorti de sa chambre. Il préparait ses affaires pour partir à d'autres aventures en Europe avec sa fille. Nous échangions encore quelques phrases puis on s'est dit au revoir en espérant pouvoir se revoir dans nos pays réciproques.

Le temps a passé, je partais le matin à la recherche d'appart prenant le 122 arrivant à Caleta. Je m'allumais une clope à l'arrivée, me posais deux secondes sur un banc sortant la carte, et regardant les contacts que j'avais trouvé la veille. Je réfléchissais à ce qui serait le mieux à visiter: à quelle heure? où? Il fallait penser en économie de temps et de distance parce que je n'avais que mes jambes pour me déplacer. J'allais dans un cyber et passais deux trois coups de fil et quand j'obtenais un rendez vous dans l'instant même me précipitais dans la rue carte en main, en marchant vite. Pour d'autres j'ai du attendre toute la journée en tournant en rond pour gagner les trois ou quatre heures que j'avais à attendre. Souvent j'appelais 6 ou 7 numéros et je me disais que c'était un bon quota pour la journée. Je visitais 3 ou 4 appart et promettais aux gens un appel pour bientôt. Je rentrais lessivée le soir. Et me disais qu'il fallait que j'accélère le pas. Ça faisait déjà quelques jours que j' étais chez eux et ne voulais pas abuser de leur hospitalité plus longtemps. Je voulais aussi être débarrassée de cette corvée de chercher encore et toujours.

(vendredi 18 septembre)
Le vendredi je visitais un appart et sans prendre le temps suffisant pour réfléchir et un peu à dépit, j'ai prit un appart. Il était grand lumineux, il y avait cependant peu d'ame et beaucoup de déco kitch, les meubles étaient pas super non plus. Mais il était pas trop mal placé, on avait une vue sur les montagnes, il y avait une piscine. 170 euros par mois.
En rentrant le soir avec les clés en main chez Azu, elle me fait une tête bizarre l'air de dire: «  tu t'es pas un peu trop précipitée ». La première question de G a été « tu connais tes coloc? Tu sais que c'est un facteur hyper important aussi. De plus tu paie le mois de septembre en entier alors que tu pourrais ne rentrer qu'en octobre ». Nous on te garde aussi longtemps que tu veux. « même toute l'année » ajoute Azu.

En gros j'avais fait une connerie. Je ne savais plus quoi faire. C'est vrai que l'idée d'économiser le mois était intéressante, le fait de ne pas connaître les coloc jouait beaucoup aussi. Le prix s'ajoutait à ça en plus et la perspective de trouver quelque chose de beaucoup mieux me poussais à retourner les clés et reprendre les sous. Le sur lendemain je récupérais mes sous et rendais les clés.

(Samedi 19 septembre)
Je me promenais avec l'idée en tête de m'acheter une tenture pour donner un peu de vie à ce qui sera mon futur chez moi. Je me promenais à vue dans les rues de Grenade toute seule une fois encore. Je découvrais la cathédrale et dans son long une boutique bien intéressante. Il y avoir sur des présentoirs des épices de toutes les couleurs dans des paniers aux bords rouge, ainsi que des thés faisant voyager à chaque inspiration que j'exerçais au dessus et par le nom sortant tout droit de contes.

Je m'abandonnais à entrer et m'achetais de la sauge et de l'encens. Un peu de plantes pour soulager les maux et réchauffer le cœur et de l'encens pour voyager quand on est seul dans une chambre loin de ses amis et de sa famille.

Dans des mini rues je trouvais maintenant des commerçants arabes et m'accaparais une tenture.
Une fois posée sur le place Biba Rambla je vis le message de Jo qui était sur Grenade et me proposait de se faire un truc.

On se retrouvait à Plaza Nueva quelque temps plus tard pour prendre des tapas avec des amis à lui. On planifiait notre soirée.

dimanche 4 octobre 2009








Energies et merveilles

Dimanche 4 octobre. Deuxième cours d'initiation du niveau 2. Nous nous rendons dans la montagne, Jimena, Miren, Ignasio, Cris et Carmen. Il est 10h40 et le soleil brille de mille feu et réchauffe les montagnes et nos corps. Je suis emprise par le parfum de résine des épineux jonchés sur les flans de la colline et nous offrant de l'ombre pour quelque temps. Notre caravane se déplace sur les pierres sèches des petits chemins rocailleux. Il fait chaud et nous attendons de voir ce qui nous attend aujourd'hui à ce stade de l'enseignement. Je suis encore endormie et je ne sais pas trop dire mon état, mais je ne brillais pas franchement encore en ce petit matin. Des paysages somptueux s'offrent à nous, des montagnes se croisent, se perdent, s'imposent, se font discrètes, et toutes forment un tableau rebondissant et beau. Dans le lointain on peut voir l'Alhambra qui domine la ville. Nous sommes dans les montagnes non loin de Fajalauza derrière les restes des murs de la forteresse Arabe. Nous admirons le décors naturel qui s'étend devant nos yeux ébahis face à tant de merveilles et Ignasio nous joue un morceau de musique. Nous étendons un large tissu au sol. Nous préparons notre prochaine initiation qui maintenant consiste à ouvrir le Chakra du troisième oeil et à soigner une personne allongée sur le dos. Nous donnons une louange au soleil, le remercions pour sa chaleur et son energie, nous cherchons à nous enraciner dans le sol, nous entrons en contact avec les énergies de la nature. Nous sommes face au soleil et recevons toute sa chaleur sur chaque partie de notre corps, les paume de main ouvertes pour recevoir. L'initiation a commencé. L'initiation terminée nous revenons doucement à nous et partageons nos sentiments. Je plane et en même temps à cause (ou grâce) aux mouches je suis restée connectée avec la terre. Avant que nous nous fassions part de nos dernières sensations nous partons vers un lieu que connait bien notre Maître. C'est une téteria creusée dans la roche, que l'on appelle Cuevas. Je trouve ce lieu splendide. Nous ne sommes qu'à quelques pas de notre lieu d'enseignement, ce salon de thé troglodyte est isolé et seul les marcheurs aventureux savent qu'ils se trouvent là. Une pancarte en bois à l'entrée nous incite à pénétree dans ce lieu. Sur notre droite la montagne, où poussent cactus et herbes médicinales, les collines, quelques maisons perdues dans la vallée plus bas et l'horizon lointain où l'on distingue les piques de la Sierra Nevada. En face de nous des vieux sièges de bureau sans pieds posés au sol, des sièges avec des pouffes, des bancs artisanaux. Sur notre gauche : des tables de bois; des mobiles partout, faits de verre arrondi, de toutes les couleurs, transpercé par la lumière; une cage d'oiseau, faite de bois, d'os, de plumes et de tout autre objet provenant de la nature, ou d'objets qui n'ont plus là même fonction désormais. Apparaît de la grotte un homme au cheveux long, plus beaucoup de dents, fin, le visage marqué de crevasses et de colline et un peu caverneux. Nous sommes accompagnés par de la musique classique. Un lieu de paix et de sérénité, de partage et de voyage, éloigné de la civilisation et pourtant si proche. Bercé par les échos de la montagne. Nous sommes tous installés. Nous commençons à avoir une petite faim et dans tout son dynamisme Miren sort avec enthousiasme, sa préparation de légumes. Le tuperware au milieu de la table ronde faite à partir d'un tronc d'arbre, nous piochons chacun notre tour dans ce mélange de saveur et de couleur. Courgettes, poivrons rouge, tomates, courges, … Notre thé ne tarde pas à arrivé. Je suis subjuguée par la présentation. Le thé est servi dans un petit plateau, dans des pots de yahourt, et en guise de couvercle, un biscuit rond avec des fruits collés dessus avec de la purée de noisette, je pense, et un peu de chocolat sur le dessus. Une vrai merveille. Une fois le chapeau mangé, ce sont des parfums magiques et fruités qui se dégagent du thé. Il est encore trop chaud pour être dégusté, c'est donc avec patience que nous attendons tous le moment de pouvoir enfin se délecter de cette alchimie de plantes. Je suis dans un rêve! Loin du bruit de la ville, du stress, pleine d'énergie, envahie de chaleur, de plénitude, en paix avec l'environnement et mon être. Nous partageons ensemble des histoires, je ne comprends pas la moitié des mots mais suis bercée par la musique de leurs paroles. Une araignée s'adonne à une danse dans le vent au dessus de ma tête. Elle effectue une chorégraphie avec le souffle de la vie. Elle ne va pas tarder à venir sur moi, je la regarde avec attention et danse avec pour arrière plan, l'immensité du lieu. Les voix de mes confrères me servent de musiques mais je suis déconnectée, je ne cherche même plus à comprendre. Que dire de ce moment magique à part qu'il était magique? Nous demandons l'autorisation à notre homme des caverne si l'on peut entrée dans sa demeure pour visiter. Le lieu sent bon, il fait frais, on s'y sent bien. Sur la droite caché derrière un rideau un lit de bois avec un étage au dessus pour un deuxième lit. Nous sommes dans une grotte, donc le toit est bas et l'ensemble est très rustique. A gauche la cuisine, perchées sur une planche des boîtes de verres emplies d'herbes et légumes secs, en dessous de la planche des bocaux collés contenant les mêmes produits de la nature. Le long d'une table, des fruits de toutes les couleurs. On dirait la caverne d'un sorcier, sur le mur, il y a un crâne d'animal avec une peau de serpent, des cages accrochées au plafond avec un crane d'oiseau sur le devant, les os des ailes avec leurs plumes sur le côté et la queue sur la grille de derrière. Ou une cage avec des feuilles mortes, un oeil incrusté dans les barreaux de la cage. Dans le fond à gauche un petit salon au sol, à droite une échelle en V retourné avec de vieux livres sur tout, des bouquins sur les papillons, des romans, des livres de contes, des dictionnaires anglais,... Au mur un tableau avec des ossements au pied, au milieu une tête de bébé avec un poignard enfoncé dedans, habillé d'une longue robe de lambeau de tissu et de vieux gants, et en haut, des plumes plantées dans la toiles avec des lames de rasoir. Plantés dans les murs blancs, des perles de verre, des plumes, et encore d'autres os. Dans le fond de la grotte se cache derrière un autre rideau une autre chambre. Cet homme doit recevoir des voyageurs dans sa demeure de sorcier. Je semble être la seule à trouver ça étrange et excitant à la fois, les autres discutent tranquillement avec cet homme mystérieux. Il parle doucement, d'une voix très suave, où l'on peine à entendre ses paroles, et avec l'articulation difficile à cause de toutes les dents qui lui manquent. Il a de profonds yeux bleus avec de larges pupilles. Je ne sais pas s'il vit seul ici, mais en tout cas, il a tout l'équipement d'un homme qui fuit la société, ses outils accrochés à une barre à l'entrée. Il a construit tout ce lieu seul. En sortant c'est à peine si j'ose le regarder, je sors la dernière et timidement, le remercie. Je vois les déco extérieures différemment maintenant, ce sont des mobiles d'os et de crâne, dans un coin, je vois la peau encore bien conservée, d'une grenouille, les bras étendus vers le ciel tout comme sa tête. Ça me donne envie de revenir. Le contraste entre sa petite décoration délicate avec les fruits et son intérieur un peu chamanique, voire, qui tiendrait du vaudou, est impressionnant. Nous nous profilons dans les chemins rocailleux, mais voilà que descend sur son grand étrier un cavalier venant de nulle part. Au loin nous entendons des chants espagnols, où, pleine d'émotion, résonne la voix d'une gitane d'un Orient lointain par écho dans les collines. C'est la fête du village. Il y a sur une place pleins de gens et de chevaux, nous sortons de la magie de la nature pour entrer dans la magie de la culture. Je suis pleine d'énergie et ai envie de sauter partout, ce que je m'empresse de faire sur la barres d'un but de foot. Nous nous faufilons puis entrons des les venelles qui surplombent la ville et qui descendent abruptement. Le village, en ce dimanche, est très animé et les gens se retrouvent en famille pour manger et faire la fête. Dans une accolade, nous remercions Cris et lui disons au revoir. Nous entrons dans Albaycín par la porte de Fajalauza, et descendons encore et encore par toutes ces petites rues pavés, aux murs étroits, aux fenêtres bordées de céramiques, aux barreaux aux formes d'étoiles. J'adore ce lieu. J'aimerais y vivre, m'y perdre, m'y balader, m'y évader... Dans les fentes des portes ouvertes des épiceries on peut voir tous les piments accrochés pour mieux sécher. Jimena chante, tandis que nous marchons, Miren un bouquet de fleurs ramassées en chemin, à la main. Jimena salue tout le monde dans la rue, elle connait tout le monde. Elle toc à une fenêtre entre ouverte et une voix jaillie. « Vale!! entra esta abierto!! » Nous entrons dans une petite pièce où deux filles sont là papotant. Cette maison est minuscule, mais nous trouvons la place pour nous asseoir. Je me sens comme une montagnarde, une marginale retournant à la vie normale et sociale. Mais ça ne me déplait pas. Nous pouvons concilier nature et village où les gens sont tous dans l'allégresse, où tout le monde se connait. Il y a des roots partout, des petits concerts sur les places avec des buvettes, des gens dans les bars, dans les rues, dans les épiceries, déambulant comme nous déambulons. Quelle surprise nous attend au pied d'une grande porte de métal. Une petite tête de chat dans un trou surveillant la rue et se chauffant au soleil, tandis que ses frères et sœurs dorment derrière. Jimena prend en chemin son fils qui était avec son père et une autre femme assis sur un banc accompagnés du chien. Nous nous quittons à Gran Via où je pars attendre mon bus. Il est 15 h et il fait 30 degré.

mercredi 30 septembre 2009

La Madrugada

Mardi 29 septembre

« je vous bip dès que j'arrive, mais je vous parie que je serais à mon appart plus vite que vous le croyez!! »

Mes pas s'ajoutent les uns aux autres frénétiquement et avec empressement comme au départ d'une course contre le temps et l'espace dans la lueur des lampadaires. Il est 2:07 et le chrono est lancé.

Je ne connais pas les rues dans lesquelles je concoure, mais je vois approximativement dans quel sens et à quel angle il faut que je m'oriente. Des gens un peu partout dispersés qui parlent, s'amusent et moi qui suis ivre de bière et de bonheur. À peine partie Lorenzo me rattrape et me tire brusquement de ma rêverie en un sursaut.
- « Tu m'as fait peur!! », « j'étais dans mes pensées et je ne t'ai pas entendu arrivé sur mon côté ».
« Je rentre par là moi aussi. Les gars seront arrivés bien avant nous. »
« Je suis désolée si je marche vite, mais j'ai un contrat à remplir » (sourire aux lèvres »
Il a bien compris mon empressement et s'ajoute à mon rythme. Nous entrons dans une petite rue où déjà on voit deux gars complètement pleins et on sent à 10 mètres qu'ils vont nous parler.
Les deux gaies lurons ne sont pas que gaie de cet orthographe, et très vite ils s'intéressent à notre Lorenzo franco/italien et commencent à se projeter en Italie. L'un d'entre eux s'adresse à moi et semble me dire qu'il n'est pas très masculin. Je m'en suis aperçue de moi même j'avouerais. Jeune gars, piercing à la lèvre, roots attitude et pas l'air méchant pour deux sous. Il me demande où trouver un endroit pour sortir à cette heure ci. Je suis hilare. J'adore! On se lance des regards complices avec Lorenzo, ils vont nous coller c'est sur, mais ils sont divertissants. Par contre, je ne suis plus dans la course à ce moment précis, la course s'est convertie en pas titubants, en pas sur l'côté, en pas en arrière.
A la esquina c'est le moment de se séparer Lorenzo part à droite, je pars à gauche. Durant un instant de flou... on se demande avec qui les deux gars vont continuer, on rigole comme des cons contents.
Je sais que se ne sera pas avec moi, mais on en doute encore. Je lui balance une derrière fois une connerie pour le charrier et je continue ma route.
Je suis là, ici même, à ce moment précis dans une rue endormie, seule, dans la fraicheur de la nuit (19 degrés quand même), dans un quartier où je n'ai pas encore posé les pieds, dans une ville que je n'ai parcouru qu'en lignes régulières et par quelques tangentes, dans cette étendue de terre entre deux continents, l'Afrique et cette Europe que je connais mieux. Je suis à Grenade à trois milles kilomètres de ma vie, mais à un pas dans mon coeur de tout ceux que j'aime.
J'ai se sentiment de liberté, iraison, d'espace, d'intemporalité.
Sur mon chemin je rencontre des bâtiments ancien, où ne s'animent le soir que les ombres des statues et des bustes anciens au travers des grille et vitrines. Je suis dans l'Antiquité, je suis la maitresse de la place.
Ma joie ne fait que s'amplifier à cette sérénité dans laquelle me plonge se décore rassurant et flippant à la fois. Il ne m'arrivera rien, je le sais, j'en suis sûre.

Je croise les travailleurs de la nuit, balayant les restes d'un passage éphémère de citadins, d'étrangers, d'inconnus, de sans abris, de fashion victime, de gangsters, de pick pockets, de diseuses de bonne-aventure, d'âmes mouvantes dans cet urbanisme aux multi facettes. Je les regarde tout en poursuivant mon chemin et je croise le regard d'une vieille femme rabougrie qui sors si tardivement et m'incite à me demander se qu'elle fait à cette heure ci dehors.

Enfin je retombe sur une route qui m'est familière. Je suis toujours dans le bon sens, dans la bonne direction. Ma navigation à vue d'oeil, bien qu'un peu imbibée, a été bonne.
Mes pensées filent le longs des rues et je pense « mes amis je ne vous oublierais jamais, vous avez tous beaucoup d'importance à mes yeux, mais que la vie est belle et surprenante, pleine de saveur et de découvertes, la distance ne peut pas effacer notre amitié elle ne peux que la rentre plus passionnante».
Je suis désormais sur l'avenue Circumbalación. Seul un groupe de gens posés sur des marches et des passants irréguliers habitent les rues. Je traverse la rue, pas une voiture en vue, les feux continuent de passer de l'orange au rouge et du rouge au vert pour les fantôme des voitures qui sont déjà parqués dans leur garage. J'arrive dans l'avenue Madrid en direction de la Plaza de Toros. Au loin je vois devant les panneaux JC Décaux un camion et un homme vêtu d'une veste réfléchissante est en train de remplacer les affiches. Je me dis tout de suite qu'il faut que je saute sur l'occaz pour récupérer une affiche pour mon appart. Cerveza Alhambra. Je m'adresse au type avec mon espagnol peu assuré et je lui demande si je peux la prendre. Il me répond que celle ci n'est pas disponible mais me donne celle d'un film qui est affichée déjà depuis longtemps: « malditos banditos ».
Je la prend, fière de mon culot que l'aventure me pousse à avoir. Je croise des gens ivres qui sortent de l'arène où se déroulent les corrida, mon affiche gigantesque sous le bras, comme un courant d'air.
Enfin j'atteins l'avenue Ribeira del Beiro où je suis déjà passée mille fois me parait-il. J'ai du passé par cette rue pour faire le trajet Locutorio-appart à visiter. Je passe devant Traúmatologia grand bâtiment qui se dresse là avenue Juan Pablo II. Je ne suis plus très loin, mais le choix que j'ai fait pour l'appart de derrière Alcampo commence à être regretté, mais je me remets en tête les raisons de mon choix et de me résoudre au fait que c'est comme ça et pas autrement. Je me vois déjà sur ma bicyclette faire ce trajet qui est finalement très long. Je me dis que ces rues là font maintenant partie de ma routine. Je commence à m'y accoutumer, à les connaître parcoeur, tout me devient que plus familier même de nuit. Je suis contente de cette acquisition, de se sentiment que je suis chez moi, dans un nouveau chez moi.

Un homme les mains posé sur son visage, avec une démarche de cowboy ivre m'attriste. Je me demande ce qui peut le rendre si triste. Il a un trousseau de clé accroché à sa poche et j'en déduits qu'il ne doit pas être sans abris, mais qu'alors il devait y avoir autre chose qu'il lui pesait sur le coeur. Je le dépasse l'air de rien, conservant mon air sûr pour m'assurer aucune attaque. Deux mecs bizarres surgissent de l'angle du carrefour et on des têtes de toxico. Je me dirige vers Alcampo et poursuis mon chemin vers les rues pour éloignées. Je ne suis plus très loin, mais observant avec attention l'horloge immense qui trône au sommet d'un bâtiment, je me rends compte que je ne suis pas dans les délais que je m'étais fixée. Il est 2:41, je pensais passer moins de temps à marcher. La nuit m'inspire et même les chats farfouillants dans les poubelles m'offrent un spectacle que j'apprécie. J'ai envie d'écrire, d'écrire la vie que je vis, d'écrire chaque instant avec autant d'entrain et d'expression pour que chaque instant ait son importance propre, pour que chaque instant soit intense, pour que chaque instant ne soit pas un instant perdu et éphémère.

Comment vais-je écrire ma soirée. Laissez-moi vous raconter comment elle a commencé, pourquoi j'ai voulu écrire, laissez moi retourner dans le début de soirée vous faire vivre ce moment de partage qui m'a empli de joie.

Mon sac était prêt, j'avais toutes mes affaires je sortais, bien qu'avec peu d'entrain parce que je voyais déjà le chemin du retour à pied. C'est avec prudence et musique sur les oreilles que je naviguais dans la rue. Sur ma route la police et des gars qui se faisaient verbaliser. Je sentais le regard intense d'un des mecs accoudé sur la barrière. Je n'entendais rien et ne voulais rien entendre.

Je descends l'avenue recogidas en direction de l'appart de Naïma. Je passe devant un grand black posté là en t shirt sans but précis. Je vois dans ma vue périphérique qu'il me regarde. Un coin de rue me paraît être le lieu où je devais tourner d'après les indications de Jo, mais j'en étais pas persuadée. Je l'ai prise quand même, j'ai tourné à la première à droite à 50 mètres et ai parcouru 100mètres. Mais pas de bar, par contre je suis arrivée en bout de rue et plutôt que de faire demi tour ,je retournais à droite pour rejoindre Recogidas. Arrivée au bout de cette rue, je me rendis compte que j'allais repasser devant le grand black, je ne le voyais pas encore mais riais déjà toute seule de la surprise que cela allait lui faire. Effectivement il m'a regardé pour la deuxième fois, mais bizarrement ce coup ci. Je rigolais dans ma barbe.

Je rencontrais Milena la brésilienne et Natalie une espagnole. Il y avait aussi José et JB.
Je n'arrivais pas trop à me pousser à parler avec eux. Mais l'occasion qui se présentait je le saisissais.

Le bar Playmobil.
Un écran en tissus accroché à un cardre en carton rouge en forme de grande télé. Des images qui défilaient, de la musique forte, des pintes de bière pour 1,50€, du bruits, du monde, une lumière tamisée, de l'espace, le droit de fumer, de nouveaux amis, ERASMUS!!!!!
Nous étions là tous les quatre restant et je réalisais enfin que j'étais en erasmus dans une année de folie et que si je voulais qu'elle soit exaltante il fallait que je la rende exaltante. Je me suis sentie d'un seul coup d'emplir d'enthousiasme et un sourire profond illuminait peu à peu mon visage à cette révélation. J'avais tout d'un coup envie de trinquer, de montrer mon allégresse, de partager avec ces autres erasmus mon plaisir. Je pensais à mes projets, à ce que nous allions pouvoir réaliser cette année, aux sorties, aux rencontres. Je me voyais comme dans un film. Même si j'avais voulu rêver ce moment je n'aurais jamais réussi une oeuvre comme celle ci. Détachement, commencement.
Je m'accoudais au comptoir et regardais tous ces espagnols aux looks typiques, cette ambiance festive où les voix se perdaient dans tout ce remue ménage. Pas de contraintes, pas de stress, faire ce qu'il y a à faire quand il faut le faire.
Demain serait un autre jour où tout est possible...
J'étais aux anges et les autres profitaient au même niveau. J'avais comme enlevé toute ma retenue mais de manière positive, pas de regrets, de honte, de superficialité. Je connais à peine ces gars mais je les adorent déjà pour ce qu'ils représentent dans cette expérience. Je ne me perds pas dans des souvenirs nostalgiques non, je n'ai pas de place pour la latence, la tristesse, je vis heureuse et amoureuse de cette nouvelle vie. Je suis dans un monde parallèle à mon monde habituel et suis incorporé à cet instant même, une osmose espace/temps. Je respirais l'air enfumé du bar de Grenade, j'écoutais les éclats de voix en espagnol, j'étais habitée d'envie de faire quelque chose de ce moment, de ne pas me laisser entrainée bêtement sans être actrice.
Ce mot erasmus à tout un sens maintenant, ce n'est plus qu'une notion abstraite, c'est la vie qui passe au travers de nous nous entrainant, nous aspirant, nous bousculant. Et ces amis qui sont là en face de moi, avec moi. Nous sommes tous là dans ce présent délicieux. Pas de démesure, de l'harmonie entre environnement et Être intime.

mardi 29 septembre 2009

Albaycín

Albaycín

La guitare résonnait contre les pavés de la petite rue, accompagnée du son mélodieux du violon et de la chaleur de la voix de ce jeune garçon aux cheveux longs dredés dressé le long des murs de pierres d'Albaizin. Le coffre de la guitare ouvert en guise de réceptacle pour pièces de monnaies généreusement lâchées d'un porte feuille, ou d'une poche d'un passant enthousiasmé par l'âme se dégageant du lieux et de cette musique envoutante au tonalités Andalouses.

Comme incrusté dans la pierre un bar fait l'angle en face des musiciens. Les gens y sont assis tranquillement buvant leur bière, parlant fort et dégustant leur tapas et profitant de l'ambiance musicale qui leur est offerte en spectacle. Le jour commence légèrement à se perdre derrière les murs, seule une lumière bleutée se reflète sur les murs blancs de cette cité Arabe ancienne. De ruelles en ruelles nous nous enfouissons dans l'Albaycin. Sur la note de souvenir que nous nous contons l'un et l'autre, s'ajoute la merveille de ce paysage urbain. De grandes maison aux arches sculptées et aux calligraphies d'Orient qui ornent leur porte qui semble blindée, mais qui laisse entrevoir par le petit carré grillagé l'intérieur. Des jardins où se confondent plantes exotiques aux longues tiges d'un vert intense, et mosaïques des murs d'où s'allongent des chemins pavés bordés pierres arrondies. Ce n'est qu'en un coup d'oeil perdu que je pu me glisser dans cet intime lieux de riches propriétaires.

Nous poursuivons notre rencontre avec le monde aux saveurs d'Orient sur les pavés glissants et toujours avec la même difficulté, mais transportés par la richesse du lieu. Un vrai labyrinthe où il serait très facile de se perdre. Les ruelles ne laissent rien entrevoir au delà, seulement les murs qui constituent les parois de la multitudes d'organes que compte ce corps bossu et charnu qu'est l'Albaycín.

Nous arrivons enfin sur la place qui surplombe la ville et nargue l'Alhambra sur l'autre pan de la Sierra Nevada. Beaucoup de gens admirent le paysage.
Quelle splendeur! Le ciel est un mélange de rose, orange, bleu confondus dans l'horizon. La ville en est repeinte et n'a plus du tout le même aspect que dans la journée. Elle devient un décors de paysage fantastique. Mais quand on regarde plus à l'Est, on se tait devant l'impériale posture de l'Alhambra nichée au bout de la montagne et surveillant d'un oeil strict la ville où les oiseaux de nuit se bousculent dans les bars. Les ombres de ses jardins se profilent dans l'obscure lumière de la nuit presque tombée. La Sierra Nevada s'étend à perte de vue vers l'Est toujours et perse de ses sommets le ciel, gravissant les nuages. On peut apercevoir au loin le reste de la forteresse du Royaume Arabe. Comme l'épine fissurée, cassée, rompue de la colonne vertébrale d'un palais ancien, où vivaient dans une vigilance de chaque jour, un peuple qui se battait contre les Chrétiens jusqu'au 15 ème siècle.
Se côtoient sur la place où nous nous trouvons, Eglise Chrétienne et Mosquée, emprunte d'une Histoire religieuse houleuse, mais illustration d'une cohabitation possible aujourd'hui.
Nous repartons une fois la nuit tombée totalement et c'est en aveugle que nous nous profilons dans les ruelles sombres sans problème. Nous débouchons dans la venelle du thé. Des salon de thé à perte de vue ornés de tentures, et aux devantures digne d'un décors des milles et une nuit. Des sachets de thé pour deux euro, des bijoux, des vêtements, des services à thé... L'encens se mélange avec l'air ambiant et nous fait rêver. Je cherche comme envoutée d'où proviennent ses senteurs qui m'enivrent. Les ruelles silencieuses ont laissé place à la frénésie des venelles et rues à Tapas.
C'est en espagnol que nous poursuivons la conversation et entrons dans un bar pour commander deux Sangria et leurs tapas qui vont avec. Nous sommes Rue Elmira, près de la Plaza Nueva. Le quartier des bars à tapas, celui où tous les jeunes se retrouvent pour partager un moment ensemble.
Puis comme un bras qui s'allonge, les pavés continuent leur chemin entre la montagne d'Albaycín et la Gran Via. C'est le coin des hippies, des junkies, des SDF. Mais c'est tellement beau. On est dans une époque gothique, où les façades sont de pierre et s'élèvent dans le ciel toute droite presque à lécher le balcon d'en face. Les murs sont parcourus de tag. Dans le creux de la roche coule une fontaine d'eau potable. Je suis seule, je rentre chez moi. Je suis fatiguée, mais contente. Le bus démarre, c'est la fin de la soirée pour moi, il est 23heures, c'est le début pour d'autres.

Mon voyage aller

Jueves 18 de septiembre.

Mon état avant le départ
Mon corps vibrait d'une seule et même corde dirigé par un coeur battant enfermé dans les bras crochus de ma cage thoracique. Voilà comment je décrirais mon état les quelques jours avant mon départ. Mais Mme Luby à travaillé de chœur avec moi et nous avons réussi à tout débloquer ou presque.
Quai Baco
Un voyage en car qui a duré de 21h15 à 17h30. De quoi avoir mal au dos et mal aux fesses.
Quai Baco, je suis en compagnie de maman, mamie, papa, Emlyn et Lila. Mes bagages sont lourds et encombrants. Je les étiquette et m'en vais rejoindre ma troupe. L'heure n'est pas aux pleurs mais à l'excitation, mon cœur palpite et mon souffle est court. Je n'ai plus le temps de dire un dernier mot à chacun d'entre eux. Juste un au revoir, rien de très élaboré, pas de belles paroles pour souder notre amitié, notre fraternité. Seulement un bisous et quelques mots banals lancés rapidement.


Lila et Emlyn me font la chorégraphie des Stapsiens et je sens quelques larmes montées. Mon voisin d'à côté rigole à les voir faire les clowns et j'ai un peu honte, mais suis contente tout de même. Ils s'y mettent tous à faire les guignolo dehors, jusqu'à ma tendre grand mère jouant avec son foulard.

Un moment que je n'appellerais pas solennel, mais précieux quelqu'en fut la précipitation dans laquelle il s'écoula tel un sablier ne donnant pas de dernière minute au dernier grain de sable tombé dans le tas de sable blanc.

Première rencontre eurolinesienne
La route est longue, la nuit déjà à recouvert le ciel et assombrit la ville. Nous roulons dans Nantes tel un sentinel, ou encore une chenille glissant lentement dans l'herbe haute.
L'inconnu à côté de moi me devient plus intime, le voilà devenu espagnol, il voyage vers Bilbao et est parti de Rennes. Il etait en France pour quelques jours et s'en retourne seulement quelques semaines en Espagne avant de poursuivre son master en informatique.
Le film commence, nous levons tous nos têtes vers l'écran, sauf les deux voisines courageuses qui lisent leur bouquin, et regardons Hidalgo. Massacre d'indien voilà les premières images que nous pouvons observer. Je me sens touchée par ces images de violence envers un peuple qui fut le mien il y a de cela quelques siècles et de qui je suis donc issue. Certains ont survécus et grâce à ça nous avons pu irriter de ce précieux cadeau d'être leurs descendants, descendants des gardiens de la terre, du peuple de la Mère Terre, des détenteurs des secrets les mieux gardés du monde des esprits et de la Nature.

J'hésite entre continuer la conversation avec mon voisin, dormir et regarder le film. Je décide rapidement de ne pas parler à mon voisin, mais je n'arrive pas à me décider pour ce qui est de dormir ou regarder le film. Finalement je regarde le film, je ne pourrais pas dormir avec le bruit.

Le film terminé je m'endors tout comme la majorité du car, mon voisin y compris. Ce n'ai qu'à une heure que nous nous arrêtons pour dîner en ce qui me concerne. C'est un met délicieux que je m'achète que l'on appelle plus couramment sandwich jambon beurre. Je m'empiffre rapidement car personne ne sait quand on va retourner dans le car et je voudrais pouvoir fumer ma clope avant.

Changement de place
Une dame rentre plus tard avec deux enfants, seule la place à mes côté s'est libérée de mon espagnol descendu à Bilbao. Je vois le coup venir que je vais avoir le bébé à côté de moi. Finalement on me demande si je veux bien me mettre ailleurs. Je me retrouve dans le siège de devant au côté d'une jeune fille emmitouflée dans sa couverture, mes jambes n'entrant pas totalement dans l'espace qui m'est imparti. Je dors le cou courbé, les jambes dans le vide du couloir et la tête tombante.

Non je veux pas qu'on m'oublie!!!
Il doit être 6 heures quand nous descendons dans un hangar à car pour aller aux toilettes. Me voilà enfermée dedans. Je prévient alors les dames qui sont avec moi de s'éloigner de la porte si elles sont devant. Mais à force d'obstination, je finis par réussir à ouvrir la porte sans escalader. Je me revoyais déjà comme lors de mes examens de BTS pendant une épreuve en train d'escalader les chiottes. Je sympathise donc avec deux bordelaises d'un certain âge déjà qui s'en vont marcher quelques semaines en Espagne. Voilà maintenant que nous ne pouvons pas entrer dans le car qui est en train de prendre de l'essence. Les portes sont fermées et le conducteur nous demande de nous éloigner. Le voilà qui redémarre et commence à avancer au devant de nous. On commence à s'inquiéter et à courir derrière. Nous remontons enfin dedans et je me mets à discuter avec ma voisine elle même bordelaise qui s'en va en Erasmus à Cordoue. Nous décidons après coup de continuer notre nuit avant que le jour ne se lève.

Le fameux Puente del Quintana
Ce n'est que deux heures plus tard que nous arrivons à Puente del Quintana qui se trouve à Burgos. Je fais connaissance avec Charlie, une jeune fille de Bordeaux également. Elle, s'en va en direction de Malaga. Elle part trois mois chez sa soeur en vacances pour ensuite partir travailler en Angleterre. Elle ne semble encore pas très réveillée, mais me paraît sympa. Nous retournons vers le car pour être sur de ne pas le louper au moment de son départ comme je l'avais fait il y a deux ans en allant à Madrid.


Deux heures de retard. Alors que Charlie dormait et que Emeline nous avait quittée, je commençais à discuter avec un homme de plus de 75 ans en espagnol. Il était originaire d'Allemagne, mais vivait depuis 1975 à Grenade pour le travail. Il était parti rendre visite à sa famille en Allemagne et avait donc déjà passé 28heures dans le car. Quelle folie tout de même!


Des oliviers, de vastes étendues d'herbes sèches, un paysage un peu aride où ne poussent que de la végétation rase. Du nord au sud ces paysages ne varient pas beaucoup. Nous arrivons sur une petite aire d'autoroute où il est logé un restaurant. Bâtisse au toit bas au couleur rouge ocre et à la devanture comme dans les film, ornée de bords sculptés. Nous entrons avec Charlie à l'intérieur observant tout au alentour. Je m'arrête d'abord devant une vitrine de couteaux. Puis dans une pièce séparée nous trouvons là un long comptoir où fume un espagnol sa cigarette. Un ventilo tournant au plafond, des mouches volantes, des serveurs en nage derrière le comptoir, des tabourets pour s'accouder à hauteur du comptoir. Dans les vitrine, acras et autres spécialités se bousculent. 4€ l'assiette avec un peu de tout, un coca et nous mangeons nos plats froids avec Charlie. La porte des toilettes est tallée dans un bois que j'appellerais d'après mes propres termes, brute. Derrière la porte sont dessinés sur de autres portes une femme élégante rappelant les Andalouses dans leurs grandes robes et sur la porte des hommes des gentlemen. À l'intérieur une vaste pièce aux murs carrelé avec le style espagnol. Les grandes portes de l'intimité annale et vaginale sont sculptées. De grands miroirs couvre un pan du mur face aux toilettes. Je me sens dans le luxe à l'espagnol.
Dehors les mouches sont en nombre. Les gens sont éparpillés sur les marches, derrières les barrières surélevées de la façade du restaurant, derrière un arbre. Charlie et moi sommes assises le long du trottoir, je fume ma cigarette dans ce décor nouveau sentant un air d'aventure du far west bien qu'en réalité il soit plus propre du far south. Le vieil homme qu'on appelle Bernard, Bernardo, Bern vient nous rejoindre. Il est vêtu d'un pantalon de toile jaune avec des carreaux, son doigt dépassant d'une des poches trouées. Grand, fin, de larges épaules fines, des cheveux très blancs, une petite moustache, et de petits yeux bleux, un petit sourire bienveillant et un peu de malice. Il me fait sourire, il est charmant ce vieil homme, il ne doit plus avoir toute sa tête d'après ce qu'il m'a lui même fait comprendre, ni même toute son audition, mais il n'a pas perdu sa langue et aime à papoter avec nous. Il nous parle de l'époque où il rencontra sa femme. Ils partirent en direction de l'Allemagne pour qu'il puisse présenter sa femme à sa famille. Sur le chemin, beaucoup plus long qu'aujourd'hui, ils passèrent par Bordeaux et ce fut une nuit inoubliable qu'il passa avec sa femme dans un lit, nous dit-il, confortable en comparaison au siège du car. Une ville qui a pour lui un sens, une histoire, une âme fantomatique d'un passé lointain. Charlie galère à comprendre et à parler, mais essaie de participer comme elle peut à la conversation.

Nous reprenons enfin le car. La femme qui m'avait délogée de ma place de manière peu courtoise, m'interpella doucement et me dit « ils ne vendaient pas de bonbons, alors je vous donne des pêches pour vous remercier de m'avoir libérée la place pour ma mère et moi ». Je la regarde avec un sourire bienveillant et la remercie de tout coeur, mais qu'il ne fallait pas, c'était normal.

Nous retournons dans nos rêves avec Charlie et quand nous rouvrons enfin les yeux nous sommes dans la montagne. Nous parlons de tout et de rien. Nous débattons écologie, voyage, et surtout nous rigolons d'un rire nerveux des suite d'un long voyage, nous sommes fatiguées et contentes de notre rencontre. C'est une jeune femme de 21 ans, les cheveux très courts, laissant couler le long de ses oreilles deux petites pattes. Des yeux bleux rougis par l'air du car, la fatigue et son allergie aux acariens. Un sourire sincère et un rire venant du coeur. Son oreiller rose pâle sur ses genoux, ses mouchoirs dans le filet devant les jambes, nous discutons encore et encore comme si nous nous connaissions, sans jugement, sans timidité, sans limites. Nous savons que la rencontre est éphémère, nous ne cherchons pas à tout raconter qui nous sommes, se que nous faisons dans la vie, nous partageons seulement des opinions, des visions des choses et du monde. Sa sœur est venue en Espagne avec son sac à dos et son français pour seul langage et a attérit près de Malaga après avoir fait du woofing. En hippy elle est partie, en compagne elle vit maintenant depuis un an dans ce pays aux milles saveurs.