dimanche 4 octobre 2009

Energies et merveilles

Dimanche 4 octobre. Deuxième cours d'initiation du niveau 2. Nous nous rendons dans la montagne, Jimena, Miren, Ignasio, Cris et Carmen. Il est 10h40 et le soleil brille de mille feu et réchauffe les montagnes et nos corps. Je suis emprise par le parfum de résine des épineux jonchés sur les flans de la colline et nous offrant de l'ombre pour quelque temps. Notre caravane se déplace sur les pierres sèches des petits chemins rocailleux. Il fait chaud et nous attendons de voir ce qui nous attend aujourd'hui à ce stade de l'enseignement. Je suis encore endormie et je ne sais pas trop dire mon état, mais je ne brillais pas franchement encore en ce petit matin. Des paysages somptueux s'offrent à nous, des montagnes se croisent, se perdent, s'imposent, se font discrètes, et toutes forment un tableau rebondissant et beau. Dans le lointain on peut voir l'Alhambra qui domine la ville. Nous sommes dans les montagnes non loin de Fajalauza derrière les restes des murs de la forteresse Arabe. Nous admirons le décors naturel qui s'étend devant nos yeux ébahis face à tant de merveilles et Ignasio nous joue un morceau de musique. Nous étendons un large tissu au sol. Nous préparons notre prochaine initiation qui maintenant consiste à ouvrir le Chakra du troisième oeil et à soigner une personne allongée sur le dos. Nous donnons une louange au soleil, le remercions pour sa chaleur et son energie, nous cherchons à nous enraciner dans le sol, nous entrons en contact avec les énergies de la nature. Nous sommes face au soleil et recevons toute sa chaleur sur chaque partie de notre corps, les paume de main ouvertes pour recevoir. L'initiation a commencé. L'initiation terminée nous revenons doucement à nous et partageons nos sentiments. Je plane et en même temps à cause (ou grâce) aux mouches je suis restée connectée avec la terre. Avant que nous nous fassions part de nos dernières sensations nous partons vers un lieu que connait bien notre Maître. C'est une téteria creusée dans la roche, que l'on appelle Cuevas. Je trouve ce lieu splendide. Nous ne sommes qu'à quelques pas de notre lieu d'enseignement, ce salon de thé troglodyte est isolé et seul les marcheurs aventureux savent qu'ils se trouvent là. Une pancarte en bois à l'entrée nous incite à pénétree dans ce lieu. Sur notre droite la montagne, où poussent cactus et herbes médicinales, les collines, quelques maisons perdues dans la vallée plus bas et l'horizon lointain où l'on distingue les piques de la Sierra Nevada. En face de nous des vieux sièges de bureau sans pieds posés au sol, des sièges avec des pouffes, des bancs artisanaux. Sur notre gauche : des tables de bois; des mobiles partout, faits de verre arrondi, de toutes les couleurs, transpercé par la lumière; une cage d'oiseau, faite de bois, d'os, de plumes et de tout autre objet provenant de la nature, ou d'objets qui n'ont plus là même fonction désormais. Apparaît de la grotte un homme au cheveux long, plus beaucoup de dents, fin, le visage marqué de crevasses et de colline et un peu caverneux. Nous sommes accompagnés par de la musique classique. Un lieu de paix et de sérénité, de partage et de voyage, éloigné de la civilisation et pourtant si proche. Bercé par les échos de la montagne. Nous sommes tous installés. Nous commençons à avoir une petite faim et dans tout son dynamisme Miren sort avec enthousiasme, sa préparation de légumes. Le tuperware au milieu de la table ronde faite à partir d'un tronc d'arbre, nous piochons chacun notre tour dans ce mélange de saveur et de couleur. Courgettes, poivrons rouge, tomates, courges, … Notre thé ne tarde pas à arrivé. Je suis subjuguée par la présentation. Le thé est servi dans un petit plateau, dans des pots de yahourt, et en guise de couvercle, un biscuit rond avec des fruits collés dessus avec de la purée de noisette, je pense, et un peu de chocolat sur le dessus. Une vrai merveille. Une fois le chapeau mangé, ce sont des parfums magiques et fruités qui se dégagent du thé. Il est encore trop chaud pour être dégusté, c'est donc avec patience que nous attendons tous le moment de pouvoir enfin se délecter de cette alchimie de plantes. Je suis dans un rêve! Loin du bruit de la ville, du stress, pleine d'énergie, envahie de chaleur, de plénitude, en paix avec l'environnement et mon être. Nous partageons ensemble des histoires, je ne comprends pas la moitié des mots mais suis bercée par la musique de leurs paroles. Une araignée s'adonne à une danse dans le vent au dessus de ma tête. Elle effectue une chorégraphie avec le souffle de la vie. Elle ne va pas tarder à venir sur moi, je la regarde avec attention et danse avec pour arrière plan, l'immensité du lieu. Les voix de mes confrères me servent de musiques mais je suis déconnectée, je ne cherche même plus à comprendre. Que dire de ce moment magique à part qu'il était magique? Nous demandons l'autorisation à notre homme des caverne si l'on peut entrée dans sa demeure pour visiter. Le lieu sent bon, il fait frais, on s'y sent bien. Sur la droite caché derrière un rideau un lit de bois avec un étage au dessus pour un deuxième lit. Nous sommes dans une grotte, donc le toit est bas et l'ensemble est très rustique. A gauche la cuisine, perchées sur une planche des boîtes de verres emplies d'herbes et légumes secs, en dessous de la planche des bocaux collés contenant les mêmes produits de la nature. Le long d'une table, des fruits de toutes les couleurs. On dirait la caverne d'un sorcier, sur le mur, il y a un crâne d'animal avec une peau de serpent, des cages accrochées au plafond avec un crane d'oiseau sur le devant, les os des ailes avec leurs plumes sur le côté et la queue sur la grille de derrière. Ou une cage avec des feuilles mortes, un oeil incrusté dans les barreaux de la cage. Dans le fond à gauche un petit salon au sol, à droite une échelle en V retourné avec de vieux livres sur tout, des bouquins sur les papillons, des romans, des livres de contes, des dictionnaires anglais,... Au mur un tableau avec des ossements au pied, au milieu une tête de bébé avec un poignard enfoncé dedans, habillé d'une longue robe de lambeau de tissu et de vieux gants, et en haut, des plumes plantées dans la toiles avec des lames de rasoir. Plantés dans les murs blancs, des perles de verre, des plumes, et encore d'autres os. Dans le fond de la grotte se cache derrière un autre rideau une autre chambre. Cet homme doit recevoir des voyageurs dans sa demeure de sorcier. Je semble être la seule à trouver ça étrange et excitant à la fois, les autres discutent tranquillement avec cet homme mystérieux. Il parle doucement, d'une voix très suave, où l'on peine à entendre ses paroles, et avec l'articulation difficile à cause de toutes les dents qui lui manquent. Il a de profonds yeux bleus avec de larges pupilles. Je ne sais pas s'il vit seul ici, mais en tout cas, il a tout l'équipement d'un homme qui fuit la société, ses outils accrochés à une barre à l'entrée. Il a construit tout ce lieu seul. En sortant c'est à peine si j'ose le regarder, je sors la dernière et timidement, le remercie. Je vois les déco extérieures différemment maintenant, ce sont des mobiles d'os et de crâne, dans un coin, je vois la peau encore bien conservée, d'une grenouille, les bras étendus vers le ciel tout comme sa tête. Ça me donne envie de revenir. Le contraste entre sa petite décoration délicate avec les fruits et son intérieur un peu chamanique, voire, qui tiendrait du vaudou, est impressionnant. Nous nous profilons dans les chemins rocailleux, mais voilà que descend sur son grand étrier un cavalier venant de nulle part. Au loin nous entendons des chants espagnols, où, pleine d'émotion, résonne la voix d'une gitane d'un Orient lointain par écho dans les collines. C'est la fête du village. Il y a sur une place pleins de gens et de chevaux, nous sortons de la magie de la nature pour entrer dans la magie de la culture. Je suis pleine d'énergie et ai envie de sauter partout, ce que je m'empresse de faire sur la barres d'un but de foot. Nous nous faufilons puis entrons des les venelles qui surplombent la ville et qui descendent abruptement. Le village, en ce dimanche, est très animé et les gens se retrouvent en famille pour manger et faire la fête. Dans une accolade, nous remercions Cris et lui disons au revoir. Nous entrons dans Albaycín par la porte de Fajalauza, et descendons encore et encore par toutes ces petites rues pavés, aux murs étroits, aux fenêtres bordées de céramiques, aux barreaux aux formes d'étoiles. J'adore ce lieu. J'aimerais y vivre, m'y perdre, m'y balader, m'y évader... Dans les fentes des portes ouvertes des épiceries on peut voir tous les piments accrochés pour mieux sécher. Jimena chante, tandis que nous marchons, Miren un bouquet de fleurs ramassées en chemin, à la main. Jimena salue tout le monde dans la rue, elle connait tout le monde. Elle toc à une fenêtre entre ouverte et une voix jaillie. « Vale!! entra esta abierto!! » Nous entrons dans une petite pièce où deux filles sont là papotant. Cette maison est minuscule, mais nous trouvons la place pour nous asseoir. Je me sens comme une montagnarde, une marginale retournant à la vie normale et sociale. Mais ça ne me déplait pas. Nous pouvons concilier nature et village où les gens sont tous dans l'allégresse, où tout le monde se connait. Il y a des roots partout, des petits concerts sur les places avec des buvettes, des gens dans les bars, dans les rues, dans les épiceries, déambulant comme nous déambulons. Quelle surprise nous attend au pied d'une grande porte de métal. Une petite tête de chat dans un trou surveillant la rue et se chauffant au soleil, tandis que ses frères et sœurs dorment derrière. Jimena prend en chemin son fils qui était avec son père et une autre femme assis sur un banc accompagnés du chien. Nous nous quittons à Gran Via où je pars attendre mon bus. Il est 15 h et il fait 30 degré.

3 commentaires:

  1. Hola tite herveline!
    je viens de découvrir ton blog, j'y jeterai un ti'coup d'oeil de temps en temps pour prendre de tes nouvelles...c'est cool!
    ça donne envie de partir tout ça, je sens la chaleur de Grenade dans tes histoires...on en aurait bien besoin ici, sous la grisaille de Nantes ;)
    bisous profite bien. Eva

    RépondreSupprimer
  2. Coucou Eva, ça me fais plaisir d'avoir un commentaire de ta part. Et si à l'occasion tu viens dans le coin, ou que t'as rien à faire et que tu veux bouger, ce serait avoir joie que je t'accueillerais.
    Bise

    RépondreSupprimer
  3. Coucou !

    Je vais quand même finir par te laisser un petit commentaire...

    J'ai choisi ce texte puisque c'est un de mes préférés et il te ressemble bien.

    Ta plume est toujours aussi plaisante. Tes descriptions sont toujours de qualité, on n'est pas spectateur du moment que tu as vécu mais on le vit et c'est ça qui fait la différence !

    On voyage avec toi en restant tranquillement chez soi ...

    Je m'arrête là sur les compliments sinon tu ne pourras plus rentrer dans tes chaussures...

    J'espère que tout se passe comme tu le souhaites, profite bien.

    Bisous

    La mouette (normalement ça doit te rappeler quelqu'un)

    RépondreSupprimer