dimanche 25 octobre 2009

le coucher de soleil sur Grenade

Dimanche 25 octobre. Il est 17h30. Le soleil commence à baisser dans le ciel. Il fait encore chaud. Je me décide à aller à Albaicyn profiter de la beauté qu'offre le coucher de soleil. Je descends, armée de mon appareil photo. Je ne sais pas dans combien de temps le soleil sera vraiment à l'horizon, offrant à nos yeux ébahis, la beauté de sa lumière. J'attends le bus, maudissant son retard. Je serais prête à faire du stop s'il le fallait pour ne pas être en retard pour ce spectacle fabuleux. Je descends à Triunfo, imaginant que je retrouverais rapidement de le chemin du Mirador, mais sans conviction. J'entre par la porte d'Elvira, je marche sur ses rues pavées et m'engouffre dans ses ruelles. Je monte à la première rue qui donne dans le labyrinthe de l'Abaicyn. Je découvre une fois encore une nouvelle rue. Une ruelle pavée, une fois encore, aux pierres arrondies par les nombreux passages des marcheurs. Je découvre une pente abrupte et mes muscles des jambes le sentent. Je pars d'un pas rapide et au fur et à mesure, je ralentie par la fatigue. Mais arrivée en haut je rencontre un paysage merveilleux, où le soleil encore radieux illumine la ville et reflète sa lumière sur les murs blancs des vieilles bâtisses. Navigant maintenant sans boussole ni indications, je me perds. Perchés sur un mur, des chats sont blottis les uns contre les autres, les yeux plissés comme envahis par la sérénité d'un tableau aux multiples décors. Ils sont paisibles et beaux. Me voilà absolument paumée, je n'ai aucun repère et je commence à me dire que mon goût pour la découverte va me couter cher si je n'arrive pas à mon objectif avant la nuit tombée. Je déguste cependant chacune des vues qui me sont données de voir. Je suis de nouveau au même endroit que 5 minutes plus tot, j'ai tourné en rond. Je désespère un peu mais continue mon chemin le plus rapidement possible comme entrée dans une course contre le soleil. Je crois reconnaître des murs, des dessins, des pavés, des maisons, mais je suis encore dans un mirage et me perds de nouveau, mais découvre en route d'autres coins toujours plus intéressants les uns que les autres. Où vais-je, où suis-je? Mais finalement ces questions sont les questions que je me pose tous les jours et pourtant, je me sens plus sure de l'issue de ce vagabondage que de l'issue de ma vie. Je cherche à m'orienter avec le soleil, mais les hauts murs qui bordent les rues, m'empêchent d'avoir quelques informations possibles pour m'aider à avoir une idée du lieu où je pouvais être. Je pense suivre les touristes, mais ils vont dans tous les sens. J'aperçois enfin l'église de la place du Mirador au bout d'une rue. Mon coeur commence à s'emplir de satisfaction et de joie. Je suis aussi soulagée, car j'ai gagné ma course et ne serais pas en retard pour le spectacle. La place est bondée de touristes, de roots, d'amoureux, de chanteurs à la guitare, de spectateurs en tout genre. J'essaie de me frayer un chemin pour atteindre un point de vue qui me permettra de prendre des photos. Je suis en extase. Je ne m'étais pas trompée, le spectacle qui se déroule ici est merveilleux. Le soleil descend rapidement derrière les montagnes, donnant des tons différents aux paysages à chaque instant. Alors que les jardins dans l'Alhambra dessinaient des ombres sur ses parois, il advint rapidement qu'elle fut sombrée dans l'obscurité. Les monts passant du gris à l'ocre, fendus par un vert intense et parsemés des quelques neiges tombées ces derniers jours. Peu à peu, le monde est plongé dans l'obscurité, les yeux brillent et reflètent la rougeur du ciel, contrastée par la noirceur des sommets lointains. Les étoiles de la ville commencent à scintiller. Alors que nous sommes dans la grandeur de la nature, la ville s'agite en bas, mais semble loin de toute la beauté dans laquelle elle est bercée. J'ai retrouvé mes sens, je ne suis plus perdue et admire en silence, un silence intérieur entrecoupé par la musique et les voix des gens autour de moi. Je m'assoie à une terrasse, je commande une bière comme ultime cadeau, comme plaisir final après la jouissance. Repartie, ragaillardie, je file au gré des rues. Et finalement, mon plaisir ne s'est pas arrêté sur la place à la terrasse. Il fait très sombre, mais le rouge de la lumière est devenu beaucoup plus intense et le contraste avec les montagnes est encore plus marqué, les silhouettes des cactus dansent sur un fond de roche, et la ville scintille encore plus. Il fait un peu plus frais maintenant, mais mon petit pull à manche mi courtes est amplement suffisant. Albaicyn, c'est comme un passage entre la nature et la ville par lequel il faut se perdre pour ne pas effectuer le transfert trop promptement. Et ce coup ci je connais mon chemin et avance seule.

dimanche 11 octobre 2009





Repas de famille à la mexicaine

Alors que ma famille française se réunissait ce samedi en France, je passais moi mon samedi en compagnie de ma famille espagnole. Quel moment fabuleux passé en leur compagnie. Je me réveillais doucement mais surement, avec la fatigue qu'avait engendrée la soirée de la veille. Je me préparais pour partir à Albolote, mon ancien village d'une dizaine de jours. Je partais de l'appart sous la chaleur du Zénith prendre mon bus. Il m'a fallut une bonne demi heure pour me rappeler que le samedi le 123 ne circulait pas. J'appelais donc Azu pour la prévenir que j'allais devoir me rendre au centre pour prendre le bus et que je serai donc en retard. Il était 14h40 quand j'arrivais enfin et nous nous mettions en fait tout juste à cuisiner. Je pelais les tomates comme d'habitude, puis les coupais en morceaux. Nous préparions un ceviche de marisco con gambas avec du riz et des chifles (bananes coupées en fine tranches, puis frites). 15h30 nous commencions à manger. Quel délice! Les chifles étaient juste croquantes et sucrées/salées comme il faut. Un peu plus tard nous voilà en train de jouer de la guitare et de nous entrainer à la flûte. Nous attendions les mexicaines qui tardaient à venir et nous mettions donc à jouer aux cartes avec Azu. Nous commencions calmement par un jeu à elle, appelé 31, puis je lui appris les règles du speed et nous voilà comme deux folles en train de nous battre pour poser nos cartes le plus vite possible en cris et en rires. Les mexicaines n'étaient toujours pas arrivées à 22h et nous décidions de commencer la préparation du repas du soir. Deux jeunes filles aux traits typiques mexicains arrivent enfin vêtues de rose toutes deux, les yeux noir intenses et en forme d'amandes, des cheveux d'un même noir intense et brillant, de hautes pommettes et un sourire aux dents bien alignées. Chacune à son poste nous nous mettions en scène, l'une préparant les morceaux de poulets, l'autre coupant les poivrons rouges, l'autre les tomates. Je me mis à chanter en français puis chacune son tour nous chantions les chansons de chez nous. Nous avons eu le droit aux chants mexicains, équatoriens, français, espagnols. Pendant ce temps là la cuisine était emplis de fins fumets, l'odeur du poulet qui grillait sur la pôele sur un lit de poivrons rouges et d'oignons soupoudrés d'épices. Ce moment était délectable et délicieux. Partage de cultures autour de la préparation d'un repas qui dura presque une heure. Le repas commença par un bénédicité pour remercier dieu de cette rencontre, de l'amour qu'il nous offre et de sa grande générosité, nous le remercions pour ce repas. La soirée continua en partages, en histoires, en questions, en simple bonheur d'être ensemble. Il était presque une heure du matin quand je demandais à Gerardo s'il pouvait me ramener. Nous prîmes la voiture et partîmes vers Grenade. Nous poursuivions cet échange inter culturel et analysions toutes les possibilités de recevoir des étrangers. Gerardo ne pouvant pas voyager par son boulot avait trouvé cette idée de recevoir avec couch surfing très intéressante, enrichissant sa connaissance du monde tout en restant chez lui. Il est curieux et attentif, il a envie de connaître l'inconnu, de voyager par les récits des étrangers de passage chez lui. En chemin nous avons croisé les prostituées, se mouvants sur les trottoirs pour attirer les hommes en quête d'expériences nocturnes dans les bras d'une femme. Elle ne sont vêtues que d'un collant et d'un string avec un haut plus que décolté. Et marchent sur leurs grands talons vers les voitures. C'est mon quartiers, c'est quasiment ma rue où elles font leur taff. Je descends, remercie encore une fois Gerardo pour la soirée et lui promets de lui faire gouter des spécialités françaises. Je n'ai plus qu'à me mettre à la recherche de recettes et essayer de faire du mieux que je pourrais. Morphée est arrivé presque en même temps que moi dans l'appart et je l'ai accompagné dans le sommeil où il me plongeait.

mardi 6 octobre 2009

flash back



Cela fait maintenant 3 semaines que je suis et j'entame la 4ème.

(Mardi 15 septembre)
Je suis arrivée par eurolines le mardi 15 septembre 2009 à 19h30. Je quitte Bernardo, ce vieux papi de 70 ans sachant que j'étais invitée à l'appeler quand je voulais. Je vois ce gars là attendant face à la rue. Je me dis que c'est certainement le Gerardo de couch surfing qui est là pour m'accueillir. Je le regarde un peu plus intensément et me dirige vers lui. Il me regarde aussi et se demande surement ce que j'ai à le regarder ainsi. Ce sont mes premiers pas à Grenade.
La première impression fut: « eh bein!! cet urbanisme étouffant n'arrive pas à la hauteur de la réputation qu'on avait fait de la ville. Je regarde fatiguée ces bâtiments de briques rouges, aux fenêtre barricadées derrières des grilles aux formes élégantes ma foi, mais en rien exotique ou surprenant. Je me dis que je ne dois pas être dans le plus beau des quartiers et qu'il ne faut pas que je me base sur cette première vision car j'ai appris au cours des voyages à ne pas me fier à ce genre d'impression. Je ne suis pas timide mais sans mots pour Gerardo, mais heureusement il me pose quelques questions auxquelles je réponds du mieux que mon niveau de langue me le permette. Je ne craint pas cet homme qui m'a l'air très sympa, je me laisse guider à mon instinct.
Je l'ai rencontré il y a quelques jours sur le site couch surfing. Je lui ai envoyé mon message standard pour trouver un lieu où me loger gratuitement une ou deux nuits. Ce qui m'évite de payer l'auberge et me permet de rencontrer des gens. Je reçois une réponse de sa part un ou deux jours après avoir envahi les boites aux lettres des couch surfeur de Grenade. Il me dit qu'en gros y'a pas de problème pour qu'il m'accueille. Il me demande ma date d'arrivée me dit ses disponibilités pour venir me chercher éventuellement, je lui donne donc mes horaires d'arrivées. On se donne en quelque sorte rendez vous le mardi 15 à 18h30, heure initiale d'arrivée. Je ne savais en fait pas combien de temps je pourrais rester chez lui, ni son adresse, ni si il fallait amener un duvet, ni si j'allais être nourrit en arrivant, ni rien d'autre que son numéro de téléphone, le fait qu'il est un fils et qu'il soit camionneur. Et pourtant je ne m'inquiète pas du tout. Je n'ai même pas de plans de secours si je dois quitter leur famille rapidement. Je ne sais pas où il y a d'auberge, combien de temps ça prend en moyenne pour trouver un appart. Je pars à la rache complètement, mais pire que quand je suis partie au Pérou.
En arrivant j'ai fait la connaissance d'Alex le fils de Gerardo, puis d'un américain Bob aussi hébergé pour quelques jours. Et un peu plus tard Azucena, à ma grande surprise dans la mesure où c'était aussi le prénom de la femme chez qui j'ai vécu au Pérou, est arrivée. Une jeune femme de 28 ans d'origine équadorienne.
A peine arrivée je me retrouve traductrice anglais/ espagnol, et donc espagnol/anglais. Mon cerveau avait des connections qui ne se faisait pas très bien pour la conversion de ma langue natale en deux langues étrangères. Cependant, je faisais mon travail de traduction tant bien que mal, ce qui me permettait aussi de ne pas avoir à parler de moi et de répondre à des questions.

Le soir même je ne savais rien de ce qui allait se faire le lendemain. J'étais partie dans l'idée de chercher le plus rapidement possible un appart étant donné que je ne savais pas combien de temps je serais la bienvenue chez eux. Mais en allant me coucher pleine de fatigue et le dos en compote, je leur demandais à quelle heure fallait ce lever... approximativement à 8h30, mais pourquoi, pour qui, comment?

(Mercredi 16 septembre)
Je m'exécutais le matin, et partais en voiture avec l'Américain et Geraldo sans savoir où on allait. Nous arrivons par une route de montagne à un point de vue magnifique sur toute la ville.

Sur le bord de la route il y avait un « tabla flamenca », bâtiment superbe avec céramiques, ornement,
Nous nous engouffrons dans le labyrinthe d'Albaycín pour la première fois. Je suis subjuguée par l'endroit. Je découvre le vieux Grenade, le quartier le plus beau, notre Montmartres à Paris, notre Bouffay à Nantes (notre base sous marine à Saint Nazaire, hihi). J'ai ma chemine sous le bras avec mes numéros de téléphones, me demande quelle va être le programme, mais le laisse guider dans les rues. Nous surgissons sur une place. La vue est absolument magnifique. Notre américain tient absolument à prendre tout pleins de photos. En même temps des gens jouent de la guitarra Flamenca ce qui nous met directement dans l'ambiance andalouse.


Notre américain est venu à la recherche d'amis danois dans un lieu dont il ne connait qu'à peine le nom, sans numéro de téléphone, avec seulement une heure approximative de rendez vous. Nous montons, pas sans peine, vers Sacromonte où il y a beaucoup de Cuevas, qui sont des troglodytes. Elles sont habitées par des jeunes hippies en général. Mais il se trouve par là aussi des hôtels, des chambres à louer. Je regrette de ne pas avoir pris mon appareil photos. Les photos en auraient certainement plus dit que mes mots.

Nous abandonnons Bob à ses amis et redescendons ses rues que l'on a eu tant de mal à monter. Mais c'est chance qu'il est des côtes rudes et fatigantes à monter pour que le plaisir de les redescendre soit d'autant plus intense (philosophie de Marianne en toute justesse). Mon ressenti premier de la ville est immédiatement chassé par la balade que nous effectuons ici. Je m'extasie devant une pancarte coca cola écrite avec une belle lettrine et fondu dans un arrière plan calligraphié. Je n'ai que mes yeux pour le voir et mon coeur pour m'en réjouir parce que je ne peux pas expliquer cela par mes mots à Geraldo qui en plus ne doit plus être sensible à ça. Nous débouchons le long de la rivière de Grenade là où la montagne prend racine pour porter sur son dos jusqu'à son sommet l'Alhambra, laissant sur ces reins quelques bâtisses anciennes. Il y a ici plus de touristes dans marchant armés de leur appareil photos, de leurs chaussures de rando, de leur petit short aux bords retroussés, et ombrant leur yeux de leur casquette ou chapeaux. J'entends baragouiner dans toutes les langues, mais finalement peu en castillan. Nous partageons difficilement la route avec voitures, mobylettes, poussettes, passants... Dans un troisième plan, au delà de l'urbanisme, on peut voir les montagnes, comme une mère bienveillante protégeant ses enfants. Nous allons plaza Nueva et mon guide m'explique que la rue Elmira qui la borde est la rue à tapas la plus fréquentée par les étudiants à grenade. Les tapas y sont pas chers et on est bien servi.

Je vois sur un mur une affiche où il est écrit qu'il y a des cours de salsa cubaine gratos tous les dimanches soirs. Je me mets déjà à me faire un programme dans la semaine et aller danser dans la chaleur de cuba dans les rues de Grenade à la rencontre des gens. Nous sommes arrivés dans le centre ville et le charmant Albaycin s'est transformé en centre ville banal, aux enseignes internationales, aux nombreuses banques, aux fast food, magasin de fringues, etc.... Nous allons à l'office du tourisme prendre un plan de la ville, que je n'imaginais pas être dans le futur mon objet le plus précieux, et des info. Je prends la carte et la bonne femme me demande si je n'ai pas besoin de plus d'info avant de partir, mais je ne savais pas quoi demander puisque je ne savais pas ce que je cherchais. Je lui répondis donc « estoy buscando un piso a compartir. Estoy estudiando a la facultad de INEF. »
« Vale!..... » elle commence à m'expliquer les quartiers où il ne faut vraiment pas aller, genre El Poligono, les quartiers sympa où ça bouge bien, etc...Je n'avais encore aucune idée des facteurs que j'allais mettre en comparaison pour faire mon choix dans les appart.

Nous rentrions à Albolote. Bob arrivait peu de temps plus tard complètement énervé, il essayait de nous expliquer quelque chose qu'il avait vu qui l'avait enchanté mais je ne comprenais rien il parlait trop vite. En gros il essayait de nous dire qu'il avait visité un village de Hobbits et qu'il avait juste adoré, qu'il avait trouvé ça génial!! Il nous montre les photos et on commence enfin à comprendre ce qu'il voulait dire. Effectivement il y avait bien des petites maisons qui ressemblaient aux maisons de l'imagination de Tolkien. Et alors qu'il racontait qu'il avait lu tous les seigneurs des anneaux et plusieurs fois, il ajoutait qu'il lisait en se promenant et que ça lui arrivait aussi de jongler pendant qu'il marchait pour tuer le temps. Du coup j'ai sorti mes balles de jonglage et on s'est tous mis à jongler dans le salon.


Un peu plus tard dans la journée nous avons du visiter un ou deux appart après avoir pris des numéros sur les poteaux, cabines téléphoniques, etc....

J'ai rencontré une collègue du cours de couture d'Azucena qui cherchait aussi un appart et elle voulait qu'on fasse les recherches ensemble. Quand je l'ai vu j'ai commencé à désespérer de cet attachement soudain et je ne voulais pas chercher avec elle, elle me faisait peur, mais je ne savoir pas quoi lui dire. La première visite c'était un appart sombre et triste avec des meubles tout moches, je me suis dit que ça ne me conviendrais pas du tout, pourtant la femme avec qui j'étais censée chercher était hyper enthousiasmée.
Enfin on part Bob, Azu, Alex, Geraldo et moi vers la Plaza de Toros sous la pluie battante. Le quartier me botte bien, on prendre des numéros encore, je suis contente, y'a plein d'annonce et je ne suis pas toute seule à chercher, bien que ça ne durerait pas.

Pendant que Azu et Geraldo s'énervaient en cuisine pour nous préparer le repas, je regardais les photos de Bob sur sa maison et sa campagne. Il nous racontait ses histoires de balades, etc... Puis un peu plus tard il me raconta comment il avait pu être complètement drogué à une période de sa vie.
Je suis surprise par ces révélations qui dans le fond ne me concernaient pas, mais il semblait contente de pouvoir en parler, mais me demandai de ne pas en parler à la famille.
S'ensuivit à ces histoires le repas. Nous avons eu le droit au repas à des spécialités équadorienne: enpanadas con chifles y un cola cao. C'est à dire: la enpanada c'est de la pâte de pain que l'on forme en un grand cercle, on y glisse du fromage, on plie en deux et on fait frire. Los chifles sont des rondelles de bananes frites qui donnent des sortes de chips de banane, et le cola cao est une marque de chocolat en poudre pour faire un chocolat chaud qui accompagne l'ensemble. Autant dire un repas très équilibré. On ne se demande pas pourquoi il y a des problème de sur-poids en Espagne et en Équateur surement aussi. Néanmoins c'est très bon, bien qu'un peu lourd.
Après le repas Azu regardait le foot, Bob et Geraldo faisaient la vaisselle et rangeaient la cuisine. Une inversion des rôles. Je trouvais ça drôle que les femmes glandent pendant que les hommes trimaient.

(Jeudi 17 septembre)
Le jeudi matin je ne savais toujours pas quel était le programme de chacun, comment je pouvais me rendre à Grenade et quitter donc ce petit village d'Albolote. Comment je faisais pour sortir sans les clés, à quelle heure rentraient les uns et les autres. Je ne savais pas si il y avait du monde encore dans l'appart, mais bientôt alors que j'écrivais mon voyage en bus, Bob sorti de sa chambre. Il préparait ses affaires pour partir à d'autres aventures en Europe avec sa fille. Nous échangions encore quelques phrases puis on s'est dit au revoir en espérant pouvoir se revoir dans nos pays réciproques.

Le temps a passé, je partais le matin à la recherche d'appart prenant le 122 arrivant à Caleta. Je m'allumais une clope à l'arrivée, me posais deux secondes sur un banc sortant la carte, et regardant les contacts que j'avais trouvé la veille. Je réfléchissais à ce qui serait le mieux à visiter: à quelle heure? où? Il fallait penser en économie de temps et de distance parce que je n'avais que mes jambes pour me déplacer. J'allais dans un cyber et passais deux trois coups de fil et quand j'obtenais un rendez vous dans l'instant même me précipitais dans la rue carte en main, en marchant vite. Pour d'autres j'ai du attendre toute la journée en tournant en rond pour gagner les trois ou quatre heures que j'avais à attendre. Souvent j'appelais 6 ou 7 numéros et je me disais que c'était un bon quota pour la journée. Je visitais 3 ou 4 appart et promettais aux gens un appel pour bientôt. Je rentrais lessivée le soir. Et me disais qu'il fallait que j'accélère le pas. Ça faisait déjà quelques jours que j' étais chez eux et ne voulais pas abuser de leur hospitalité plus longtemps. Je voulais aussi être débarrassée de cette corvée de chercher encore et toujours.

(vendredi 18 septembre)
Le vendredi je visitais un appart et sans prendre le temps suffisant pour réfléchir et un peu à dépit, j'ai prit un appart. Il était grand lumineux, il y avait cependant peu d'ame et beaucoup de déco kitch, les meubles étaient pas super non plus. Mais il était pas trop mal placé, on avait une vue sur les montagnes, il y avait une piscine. 170 euros par mois.
En rentrant le soir avec les clés en main chez Azu, elle me fait une tête bizarre l'air de dire: «  tu t'es pas un peu trop précipitée ». La première question de G a été « tu connais tes coloc? Tu sais que c'est un facteur hyper important aussi. De plus tu paie le mois de septembre en entier alors que tu pourrais ne rentrer qu'en octobre ». Nous on te garde aussi longtemps que tu veux. « même toute l'année » ajoute Azu.

En gros j'avais fait une connerie. Je ne savais plus quoi faire. C'est vrai que l'idée d'économiser le mois était intéressante, le fait de ne pas connaître les coloc jouait beaucoup aussi. Le prix s'ajoutait à ça en plus et la perspective de trouver quelque chose de beaucoup mieux me poussais à retourner les clés et reprendre les sous. Le sur lendemain je récupérais mes sous et rendais les clés.

(Samedi 19 septembre)
Je me promenais avec l'idée en tête de m'acheter une tenture pour donner un peu de vie à ce qui sera mon futur chez moi. Je me promenais à vue dans les rues de Grenade toute seule une fois encore. Je découvrais la cathédrale et dans son long une boutique bien intéressante. Il y avoir sur des présentoirs des épices de toutes les couleurs dans des paniers aux bords rouge, ainsi que des thés faisant voyager à chaque inspiration que j'exerçais au dessus et par le nom sortant tout droit de contes.

Je m'abandonnais à entrer et m'achetais de la sauge et de l'encens. Un peu de plantes pour soulager les maux et réchauffer le cœur et de l'encens pour voyager quand on est seul dans une chambre loin de ses amis et de sa famille.

Dans des mini rues je trouvais maintenant des commerçants arabes et m'accaparais une tenture.
Une fois posée sur le place Biba Rambla je vis le message de Jo qui était sur Grenade et me proposait de se faire un truc.

On se retrouvait à Plaza Nueva quelque temps plus tard pour prendre des tapas avec des amis à lui. On planifiait notre soirée.

dimanche 4 octobre 2009








Energies et merveilles

Dimanche 4 octobre. Deuxième cours d'initiation du niveau 2. Nous nous rendons dans la montagne, Jimena, Miren, Ignasio, Cris et Carmen. Il est 10h40 et le soleil brille de mille feu et réchauffe les montagnes et nos corps. Je suis emprise par le parfum de résine des épineux jonchés sur les flans de la colline et nous offrant de l'ombre pour quelque temps. Notre caravane se déplace sur les pierres sèches des petits chemins rocailleux. Il fait chaud et nous attendons de voir ce qui nous attend aujourd'hui à ce stade de l'enseignement. Je suis encore endormie et je ne sais pas trop dire mon état, mais je ne brillais pas franchement encore en ce petit matin. Des paysages somptueux s'offrent à nous, des montagnes se croisent, se perdent, s'imposent, se font discrètes, et toutes forment un tableau rebondissant et beau. Dans le lointain on peut voir l'Alhambra qui domine la ville. Nous sommes dans les montagnes non loin de Fajalauza derrière les restes des murs de la forteresse Arabe. Nous admirons le décors naturel qui s'étend devant nos yeux ébahis face à tant de merveilles et Ignasio nous joue un morceau de musique. Nous étendons un large tissu au sol. Nous préparons notre prochaine initiation qui maintenant consiste à ouvrir le Chakra du troisième oeil et à soigner une personne allongée sur le dos. Nous donnons une louange au soleil, le remercions pour sa chaleur et son energie, nous cherchons à nous enraciner dans le sol, nous entrons en contact avec les énergies de la nature. Nous sommes face au soleil et recevons toute sa chaleur sur chaque partie de notre corps, les paume de main ouvertes pour recevoir. L'initiation a commencé. L'initiation terminée nous revenons doucement à nous et partageons nos sentiments. Je plane et en même temps à cause (ou grâce) aux mouches je suis restée connectée avec la terre. Avant que nous nous fassions part de nos dernières sensations nous partons vers un lieu que connait bien notre Maître. C'est une téteria creusée dans la roche, que l'on appelle Cuevas. Je trouve ce lieu splendide. Nous ne sommes qu'à quelques pas de notre lieu d'enseignement, ce salon de thé troglodyte est isolé et seul les marcheurs aventureux savent qu'ils se trouvent là. Une pancarte en bois à l'entrée nous incite à pénétree dans ce lieu. Sur notre droite la montagne, où poussent cactus et herbes médicinales, les collines, quelques maisons perdues dans la vallée plus bas et l'horizon lointain où l'on distingue les piques de la Sierra Nevada. En face de nous des vieux sièges de bureau sans pieds posés au sol, des sièges avec des pouffes, des bancs artisanaux. Sur notre gauche : des tables de bois; des mobiles partout, faits de verre arrondi, de toutes les couleurs, transpercé par la lumière; une cage d'oiseau, faite de bois, d'os, de plumes et de tout autre objet provenant de la nature, ou d'objets qui n'ont plus là même fonction désormais. Apparaît de la grotte un homme au cheveux long, plus beaucoup de dents, fin, le visage marqué de crevasses et de colline et un peu caverneux. Nous sommes accompagnés par de la musique classique. Un lieu de paix et de sérénité, de partage et de voyage, éloigné de la civilisation et pourtant si proche. Bercé par les échos de la montagne. Nous sommes tous installés. Nous commençons à avoir une petite faim et dans tout son dynamisme Miren sort avec enthousiasme, sa préparation de légumes. Le tuperware au milieu de la table ronde faite à partir d'un tronc d'arbre, nous piochons chacun notre tour dans ce mélange de saveur et de couleur. Courgettes, poivrons rouge, tomates, courges, … Notre thé ne tarde pas à arrivé. Je suis subjuguée par la présentation. Le thé est servi dans un petit plateau, dans des pots de yahourt, et en guise de couvercle, un biscuit rond avec des fruits collés dessus avec de la purée de noisette, je pense, et un peu de chocolat sur le dessus. Une vrai merveille. Une fois le chapeau mangé, ce sont des parfums magiques et fruités qui se dégagent du thé. Il est encore trop chaud pour être dégusté, c'est donc avec patience que nous attendons tous le moment de pouvoir enfin se délecter de cette alchimie de plantes. Je suis dans un rêve! Loin du bruit de la ville, du stress, pleine d'énergie, envahie de chaleur, de plénitude, en paix avec l'environnement et mon être. Nous partageons ensemble des histoires, je ne comprends pas la moitié des mots mais suis bercée par la musique de leurs paroles. Une araignée s'adonne à une danse dans le vent au dessus de ma tête. Elle effectue une chorégraphie avec le souffle de la vie. Elle ne va pas tarder à venir sur moi, je la regarde avec attention et danse avec pour arrière plan, l'immensité du lieu. Les voix de mes confrères me servent de musiques mais je suis déconnectée, je ne cherche même plus à comprendre. Que dire de ce moment magique à part qu'il était magique? Nous demandons l'autorisation à notre homme des caverne si l'on peut entrée dans sa demeure pour visiter. Le lieu sent bon, il fait frais, on s'y sent bien. Sur la droite caché derrière un rideau un lit de bois avec un étage au dessus pour un deuxième lit. Nous sommes dans une grotte, donc le toit est bas et l'ensemble est très rustique. A gauche la cuisine, perchées sur une planche des boîtes de verres emplies d'herbes et légumes secs, en dessous de la planche des bocaux collés contenant les mêmes produits de la nature. Le long d'une table, des fruits de toutes les couleurs. On dirait la caverne d'un sorcier, sur le mur, il y a un crâne d'animal avec une peau de serpent, des cages accrochées au plafond avec un crane d'oiseau sur le devant, les os des ailes avec leurs plumes sur le côté et la queue sur la grille de derrière. Ou une cage avec des feuilles mortes, un oeil incrusté dans les barreaux de la cage. Dans le fond à gauche un petit salon au sol, à droite une échelle en V retourné avec de vieux livres sur tout, des bouquins sur les papillons, des romans, des livres de contes, des dictionnaires anglais,... Au mur un tableau avec des ossements au pied, au milieu une tête de bébé avec un poignard enfoncé dedans, habillé d'une longue robe de lambeau de tissu et de vieux gants, et en haut, des plumes plantées dans la toiles avec des lames de rasoir. Plantés dans les murs blancs, des perles de verre, des plumes, et encore d'autres os. Dans le fond de la grotte se cache derrière un autre rideau une autre chambre. Cet homme doit recevoir des voyageurs dans sa demeure de sorcier. Je semble être la seule à trouver ça étrange et excitant à la fois, les autres discutent tranquillement avec cet homme mystérieux. Il parle doucement, d'une voix très suave, où l'on peine à entendre ses paroles, et avec l'articulation difficile à cause de toutes les dents qui lui manquent. Il a de profonds yeux bleus avec de larges pupilles. Je ne sais pas s'il vit seul ici, mais en tout cas, il a tout l'équipement d'un homme qui fuit la société, ses outils accrochés à une barre à l'entrée. Il a construit tout ce lieu seul. En sortant c'est à peine si j'ose le regarder, je sors la dernière et timidement, le remercie. Je vois les déco extérieures différemment maintenant, ce sont des mobiles d'os et de crâne, dans un coin, je vois la peau encore bien conservée, d'une grenouille, les bras étendus vers le ciel tout comme sa tête. Ça me donne envie de revenir. Le contraste entre sa petite décoration délicate avec les fruits et son intérieur un peu chamanique, voire, qui tiendrait du vaudou, est impressionnant. Nous nous profilons dans les chemins rocailleux, mais voilà que descend sur son grand étrier un cavalier venant de nulle part. Au loin nous entendons des chants espagnols, où, pleine d'émotion, résonne la voix d'une gitane d'un Orient lointain par écho dans les collines. C'est la fête du village. Il y a sur une place pleins de gens et de chevaux, nous sortons de la magie de la nature pour entrer dans la magie de la culture. Je suis pleine d'énergie et ai envie de sauter partout, ce que je m'empresse de faire sur la barres d'un but de foot. Nous nous faufilons puis entrons des les venelles qui surplombent la ville et qui descendent abruptement. Le village, en ce dimanche, est très animé et les gens se retrouvent en famille pour manger et faire la fête. Dans une accolade, nous remercions Cris et lui disons au revoir. Nous entrons dans Albaycín par la porte de Fajalauza, et descendons encore et encore par toutes ces petites rues pavés, aux murs étroits, aux fenêtres bordées de céramiques, aux barreaux aux formes d'étoiles. J'adore ce lieu. J'aimerais y vivre, m'y perdre, m'y balader, m'y évader... Dans les fentes des portes ouvertes des épiceries on peut voir tous les piments accrochés pour mieux sécher. Jimena chante, tandis que nous marchons, Miren un bouquet de fleurs ramassées en chemin, à la main. Jimena salue tout le monde dans la rue, elle connait tout le monde. Elle toc à une fenêtre entre ouverte et une voix jaillie. « Vale!! entra esta abierto!! » Nous entrons dans une petite pièce où deux filles sont là papotant. Cette maison est minuscule, mais nous trouvons la place pour nous asseoir. Je me sens comme une montagnarde, une marginale retournant à la vie normale et sociale. Mais ça ne me déplait pas. Nous pouvons concilier nature et village où les gens sont tous dans l'allégresse, où tout le monde se connait. Il y a des roots partout, des petits concerts sur les places avec des buvettes, des gens dans les bars, dans les rues, dans les épiceries, déambulant comme nous déambulons. Quelle surprise nous attend au pied d'une grande porte de métal. Une petite tête de chat dans un trou surveillant la rue et se chauffant au soleil, tandis que ses frères et sœurs dorment derrière. Jimena prend en chemin son fils qui était avec son père et une autre femme assis sur un banc accompagnés du chien. Nous nous quittons à Gran Via où je pars attendre mon bus. Il est 15 h et il fait 30 degré.