Mardi 29 septembre
« je vous bip dès que j'arrive, mais je vous parie que je serais à mon appart plus vite que vous le croyez!! »
Mes pas s'ajoutent les uns aux autres frénétiquement et avec empressement comme au départ d'une course contre le temps et l'espace dans la lueur des lampadaires. Il est 2:07 et le chrono est lancé.
Je ne connais pas les rues dans lesquelles je concoure, mais je vois approximativement dans quel sens et à quel angle il faut que je m'oriente. Des gens un peu partout dispersés qui parlent, s'amusent et moi qui suis ivre de bière et de bonheur. À peine partie Lorenzo me rattrape et me tire brusquement de ma rêverie en un sursaut.
- « Tu m'as fait peur!! », « j'étais dans mes pensées et je ne t'ai pas entendu arrivé sur mon côté ».
« Je rentre par là moi aussi. Les gars seront arrivés bien avant nous. »
« Je suis désolée si je marche vite, mais j'ai un contrat à remplir » (sourire aux lèvres »
Il a bien compris mon empressement et s'ajoute à mon rythme. Nous entrons dans une petite rue où déjà on voit deux gars complètement pleins et on sent à 10 mètres qu'ils vont nous parler.
Les deux gaies lurons ne sont pas que gaie de cet orthographe, et très vite ils s'intéressent à notre Lorenzo franco/italien et commencent à se projeter en Italie. L'un d'entre eux s'adresse à moi et semble me dire qu'il n'est pas très masculin. Je m'en suis aperçue de moi même j'avouerais. Jeune gars, piercing à la lèvre, roots attitude et pas l'air méchant pour deux sous. Il me demande où trouver un endroit pour sortir à cette heure ci. Je suis hilare. J'adore! On se lance des regards complices avec Lorenzo, ils vont nous coller c'est sur, mais ils sont divertissants. Par contre, je ne suis plus dans la course à ce moment précis, la course s'est convertie en pas titubants, en pas sur l'côté, en pas en arrière.
A la esquina c'est le moment de se séparer Lorenzo part à droite, je pars à gauche. Durant un instant de flou... on se demande avec qui les deux gars vont continuer, on rigole comme des cons contents.
Je sais que se ne sera pas avec moi, mais on en doute encore. Je lui balance une derrière fois une connerie pour le charrier et je continue ma route.
Je suis là, ici même, à ce moment précis dans une rue endormie, seule, dans la fraicheur de la nuit (19 degrés quand même), dans un quartier où je n'ai pas encore posé les pieds, dans une ville que je n'ai parcouru qu'en lignes régulières et par quelques tangentes, dans cette étendue de terre entre deux continents, l'Afrique et cette Europe que je connais mieux. Je suis à Grenade à trois milles kilomètres de ma vie, mais à un pas dans mon coeur de tout ceux que j'aime.
J'ai se sentiment de liberté, iraison, d'espace, d'intemporalité.
Sur mon chemin je rencontre des bâtiments ancien, où ne s'animent le soir que les ombres des statues et des bustes anciens au travers des grille et vitrines. Je suis dans l'Antiquité, je suis la maitresse de la place.
Ma joie ne fait que s'amplifier à cette sérénité dans laquelle me plonge se décore rassurant et flippant à la fois. Il ne m'arrivera rien, je le sais, j'en suis sûre.
Je croise les travailleurs de la nuit, balayant les restes d'un passage éphémère de citadins, d'étrangers, d'inconnus, de sans abris, de fashion victime, de gangsters, de pick pockets, de diseuses de bonne-aventure, d'âmes mouvantes dans cet urbanisme aux multi facettes. Je les regarde tout en poursuivant mon chemin et je croise le regard d'une vieille femme rabougrie qui sors si tardivement et m'incite à me demander se qu'elle fait à cette heure ci dehors.
Enfin je retombe sur une route qui m'est familière. Je suis toujours dans le bon sens, dans la bonne direction. Ma navigation à vue d'oeil, bien qu'un peu imbibée, a été bonne.
Mes pensées filent le longs des rues et je pense « mes amis je ne vous oublierais jamais, vous avez tous beaucoup d'importance à mes yeux, mais que la vie est belle et surprenante, pleine de saveur et de découvertes, la distance ne peut pas effacer notre amitié elle ne peux que la rentre plus passionnante».
Je suis désormais sur l'avenue Circumbalación. Seul un groupe de gens posés sur des marches et des passants irréguliers habitent les rues. Je traverse la rue, pas une voiture en vue, les feux continuent de passer de l'orange au rouge et du rouge au vert pour les fantôme des voitures qui sont déjà parqués dans leur garage. J'arrive dans l'avenue Madrid en direction de la Plaza de Toros. Au loin je vois devant les panneaux JC Décaux un camion et un homme vêtu d'une veste réfléchissante est en train de remplacer les affiches. Je me dis tout de suite qu'il faut que je saute sur l'occaz pour récupérer une affiche pour mon appart. Cerveza Alhambra. Je m'adresse au type avec mon espagnol peu assuré et je lui demande si je peux la prendre. Il me répond que celle ci n'est pas disponible mais me donne celle d'un film qui est affichée déjà depuis longtemps: « malditos banditos ».
Je la prend, fière de mon culot que l'aventure me pousse à avoir. Je croise des gens ivres qui sortent de l'arène où se déroulent les corrida, mon affiche gigantesque sous le bras, comme un courant d'air.
Enfin j'atteins l'avenue Ribeira del Beiro où je suis déjà passée mille fois me parait-il. J'ai du passé par cette rue pour faire le trajet Locutorio-appart à visiter. Je passe devant Traúmatologia grand bâtiment qui se dresse là avenue Juan Pablo II. Je ne suis plus très loin, mais le choix que j'ai fait pour l'appart de derrière Alcampo commence à être regretté, mais je me remets en tête les raisons de mon choix et de me résoudre au fait que c'est comme ça et pas autrement. Je me vois déjà sur ma bicyclette faire ce trajet qui est finalement très long. Je me dis que ces rues là font maintenant partie de ma routine. Je commence à m'y accoutumer, à les connaître parcoeur, tout me devient que plus familier même de nuit. Je suis contente de cette acquisition, de se sentiment que je suis chez moi, dans un nouveau chez moi.
Un homme les mains posé sur son visage, avec une démarche de cowboy ivre m'attriste. Je me demande ce qui peut le rendre si triste. Il a un trousseau de clé accroché à sa poche et j'en déduits qu'il ne doit pas être sans abris, mais qu'alors il devait y avoir autre chose qu'il lui pesait sur le coeur. Je le dépasse l'air de rien, conservant mon air sûr pour m'assurer aucune attaque. Deux mecs bizarres surgissent de l'angle du carrefour et on des têtes de toxico. Je me dirige vers Alcampo et poursuis mon chemin vers les rues pour éloignées. Je ne suis plus très loin, mais observant avec attention l'horloge immense qui trône au sommet d'un bâtiment, je me rends compte que je ne suis pas dans les délais que je m'étais fixée. Il est 2:41, je pensais passer moins de temps à marcher. La nuit m'inspire et même les chats farfouillants dans les poubelles m'offrent un spectacle que j'apprécie. J'ai envie d'écrire, d'écrire la vie que je vis, d'écrire chaque instant avec autant d'entrain et d'expression pour que chaque instant ait son importance propre, pour que chaque instant soit intense, pour que chaque instant ne soit pas un instant perdu et éphémère.
Comment vais-je écrire ma soirée. Laissez-moi vous raconter comment elle a commencé, pourquoi j'ai voulu écrire, laissez moi retourner dans le début de soirée vous faire vivre ce moment de partage qui m'a empli de joie.
Mon sac était prêt, j'avais toutes mes affaires je sortais, bien qu'avec peu d'entrain parce que je voyais déjà le chemin du retour à pied. C'est avec prudence et musique sur les oreilles que je naviguais dans la rue. Sur ma route la police et des gars qui se faisaient verbaliser. Je sentais le regard intense d'un des mecs accoudé sur la barrière. Je n'entendais rien et ne voulais rien entendre.
Je descends l'avenue recogidas en direction de l'appart de Naïma. Je passe devant un grand black posté là en t shirt sans but précis. Je vois dans ma vue périphérique qu'il me regarde. Un coin de rue me paraît être le lieu où je devais tourner d'après les indications de Jo, mais j'en étais pas persuadée. Je l'ai prise quand même, j'ai tourné à la première à droite à 50 mètres et ai parcouru 100mètres. Mais pas de bar, par contre je suis arrivée en bout de rue et plutôt que de faire demi tour ,je retournais à droite pour rejoindre Recogidas. Arrivée au bout de cette rue, je me rendis compte que j'allais repasser devant le grand black, je ne le voyais pas encore mais riais déjà toute seule de la surprise que cela allait lui faire. Effectivement il m'a regardé pour la deuxième fois, mais bizarrement ce coup ci. Je rigolais dans ma barbe.
Je rencontrais Milena la brésilienne et Natalie une espagnole. Il y avait aussi José et JB.
Je n'arrivais pas trop à me pousser à parler avec eux. Mais l'occasion qui se présentait je le saisissais.
Le bar Playmobil.
Un écran en tissus accroché à un cardre en carton rouge en forme de grande télé. Des images qui défilaient, de la musique forte, des pintes de bière pour 1,50€, du bruits, du monde, une lumière tamisée, de l'espace, le droit de fumer, de nouveaux amis, ERASMUS!!!!!
Nous étions là tous les quatre restant et je réalisais enfin que j'étais en erasmus dans une année de folie et que si je voulais qu'elle soit exaltante il fallait que je la rende exaltante. Je me suis sentie d'un seul coup d'emplir d'enthousiasme et un sourire profond illuminait peu à peu mon visage à cette révélation. J'avais tout d'un coup envie de trinquer, de montrer mon allégresse, de partager avec ces autres erasmus mon plaisir. Je pensais à mes projets, à ce que nous allions pouvoir réaliser cette année, aux sorties, aux rencontres. Je me voyais comme dans un film. Même si j'avais voulu rêver ce moment je n'aurais jamais réussi une oeuvre comme celle ci. Détachement, commencement.
Je m'accoudais au comptoir et regardais tous ces espagnols aux looks typiques, cette ambiance festive où les voix se perdaient dans tout ce remue ménage. Pas de contraintes, pas de stress, faire ce qu'il y a à faire quand il faut le faire.
Demain serait un autre jour où tout est possible...
J'étais aux anges et les autres profitaient au même niveau. J'avais comme enlevé toute ma retenue mais de manière positive, pas de regrets, de honte, de superficialité. Je connais à peine ces gars mais je les adorent déjà pour ce qu'ils représentent dans cette expérience. Je ne me perds pas dans des souvenirs nostalgiques non, je n'ai pas de place pour la latence, la tristesse, je vis heureuse et amoureuse de cette nouvelle vie. Je suis dans un monde parallèle à mon monde habituel et suis incorporé à cet instant même, une osmose espace/temps. Je respirais l'air enfumé du bar de Grenade, j'écoutais les éclats de voix en espagnol, j'étais habitée d'envie de faire quelque chose de ce moment, de ne pas me laisser entrainée bêtement sans être actrice.
Ce mot erasmus à tout un sens maintenant, ce n'est plus qu'une notion abstraite, c'est la vie qui passe au travers de nous nous entrainant, nous aspirant, nous bousculant. Et ces amis qui sont là en face de moi, avec moi. Nous sommes tous là dans ce présent délicieux. Pas de démesure, de l'harmonie entre environnement et Être intime.
mercredi 30 septembre 2009
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QUELLE arrivée et dire que l'on croyait que tu bouffais du kleenex
RépondreSupprimerbises mum
Eh non!! je suis désolée, pas de place pour les larmes en ce moment, mais t'inquiète pas ça va venir.
RépondreSupprimerBisous Amethyste.