Mardi 29 septembre
« je vous bip dès que j'arrive, mais je vous parie que je serais à mon appart plus vite que vous le croyez!! »
Mes pas s'ajoutent les uns aux autres frénétiquement et avec empressement comme au départ d'une course contre le temps et l'espace dans la lueur des lampadaires. Il est 2:07 et le chrono est lancé.
Je ne connais pas les rues dans lesquelles je concoure, mais je vois approximativement dans quel sens et à quel angle il faut que je m'oriente. Des gens un peu partout dispersés qui parlent, s'amusent et moi qui suis ivre de bière et de bonheur. À peine partie Lorenzo me rattrape et me tire brusquement de ma rêverie en un sursaut.
- « Tu m'as fait peur!! », « j'étais dans mes pensées et je ne t'ai pas entendu arrivé sur mon côté ».
« Je rentre par là moi aussi. Les gars seront arrivés bien avant nous. »
« Je suis désolée si je marche vite, mais j'ai un contrat à remplir » (sourire aux lèvres »
Il a bien compris mon empressement et s'ajoute à mon rythme. Nous entrons dans une petite rue où déjà on voit deux gars complètement pleins et on sent à 10 mètres qu'ils vont nous parler.
Les deux gaies lurons ne sont pas que gaie de cet orthographe, et très vite ils s'intéressent à notre Lorenzo franco/italien et commencent à se projeter en Italie. L'un d'entre eux s'adresse à moi et semble me dire qu'il n'est pas très masculin. Je m'en suis aperçue de moi même j'avouerais. Jeune gars, piercing à la lèvre, roots attitude et pas l'air méchant pour deux sous. Il me demande où trouver un endroit pour sortir à cette heure ci. Je suis hilare. J'adore! On se lance des regards complices avec Lorenzo, ils vont nous coller c'est sur, mais ils sont divertissants. Par contre, je ne suis plus dans la course à ce moment précis, la course s'est convertie en pas titubants, en pas sur l'côté, en pas en arrière.
A la esquina c'est le moment de se séparer Lorenzo part à droite, je pars à gauche. Durant un instant de flou... on se demande avec qui les deux gars vont continuer, on rigole comme des cons contents.
Je sais que se ne sera pas avec moi, mais on en doute encore. Je lui balance une derrière fois une connerie pour le charrier et je continue ma route.
Je suis là, ici même, à ce moment précis dans une rue endormie, seule, dans la fraicheur de la nuit (19 degrés quand même), dans un quartier où je n'ai pas encore posé les pieds, dans une ville que je n'ai parcouru qu'en lignes régulières et par quelques tangentes, dans cette étendue de terre entre deux continents, l'Afrique et cette Europe que je connais mieux. Je suis à Grenade à trois milles kilomètres de ma vie, mais à un pas dans mon coeur de tout ceux que j'aime.
J'ai se sentiment de liberté, iraison, d'espace, d'intemporalité.
Sur mon chemin je rencontre des bâtiments ancien, où ne s'animent le soir que les ombres des statues et des bustes anciens au travers des grille et vitrines. Je suis dans l'Antiquité, je suis la maitresse de la place.
Ma joie ne fait que s'amplifier à cette sérénité dans laquelle me plonge se décore rassurant et flippant à la fois. Il ne m'arrivera rien, je le sais, j'en suis sûre.
Je croise les travailleurs de la nuit, balayant les restes d'un passage éphémère de citadins, d'étrangers, d'inconnus, de sans abris, de fashion victime, de gangsters, de pick pockets, de diseuses de bonne-aventure, d'âmes mouvantes dans cet urbanisme aux multi facettes. Je les regarde tout en poursuivant mon chemin et je croise le regard d'une vieille femme rabougrie qui sors si tardivement et m'incite à me demander se qu'elle fait à cette heure ci dehors.
Enfin je retombe sur une route qui m'est familière. Je suis toujours dans le bon sens, dans la bonne direction. Ma navigation à vue d'oeil, bien qu'un peu imbibée, a été bonne.
Mes pensées filent le longs des rues et je pense « mes amis je ne vous oublierais jamais, vous avez tous beaucoup d'importance à mes yeux, mais que la vie est belle et surprenante, pleine de saveur et de découvertes, la distance ne peut pas effacer notre amitié elle ne peux que la rentre plus passionnante».
Je suis désormais sur l'avenue Circumbalación. Seul un groupe de gens posés sur des marches et des passants irréguliers habitent les rues. Je traverse la rue, pas une voiture en vue, les feux continuent de passer de l'orange au rouge et du rouge au vert pour les fantôme des voitures qui sont déjà parqués dans leur garage. J'arrive dans l'avenue Madrid en direction de la Plaza de Toros. Au loin je vois devant les panneaux JC Décaux un camion et un homme vêtu d'une veste réfléchissante est en train de remplacer les affiches. Je me dis tout de suite qu'il faut que je saute sur l'occaz pour récupérer une affiche pour mon appart. Cerveza Alhambra. Je m'adresse au type avec mon espagnol peu assuré et je lui demande si je peux la prendre. Il me répond que celle ci n'est pas disponible mais me donne celle d'un film qui est affichée déjà depuis longtemps: « malditos banditos ».
Je la prend, fière de mon culot que l'aventure me pousse à avoir. Je croise des gens ivres qui sortent de l'arène où se déroulent les corrida, mon affiche gigantesque sous le bras, comme un courant d'air.
Enfin j'atteins l'avenue Ribeira del Beiro où je suis déjà passée mille fois me parait-il. J'ai du passé par cette rue pour faire le trajet Locutorio-appart à visiter. Je passe devant Traúmatologia grand bâtiment qui se dresse là avenue Juan Pablo II. Je ne suis plus très loin, mais le choix que j'ai fait pour l'appart de derrière Alcampo commence à être regretté, mais je me remets en tête les raisons de mon choix et de me résoudre au fait que c'est comme ça et pas autrement. Je me vois déjà sur ma bicyclette faire ce trajet qui est finalement très long. Je me dis que ces rues là font maintenant partie de ma routine. Je commence à m'y accoutumer, à les connaître parcoeur, tout me devient que plus familier même de nuit. Je suis contente de cette acquisition, de se sentiment que je suis chez moi, dans un nouveau chez moi.
Un homme les mains posé sur son visage, avec une démarche de cowboy ivre m'attriste. Je me demande ce qui peut le rendre si triste. Il a un trousseau de clé accroché à sa poche et j'en déduits qu'il ne doit pas être sans abris, mais qu'alors il devait y avoir autre chose qu'il lui pesait sur le coeur. Je le dépasse l'air de rien, conservant mon air sûr pour m'assurer aucune attaque. Deux mecs bizarres surgissent de l'angle du carrefour et on des têtes de toxico. Je me dirige vers Alcampo et poursuis mon chemin vers les rues pour éloignées. Je ne suis plus très loin, mais observant avec attention l'horloge immense qui trône au sommet d'un bâtiment, je me rends compte que je ne suis pas dans les délais que je m'étais fixée. Il est 2:41, je pensais passer moins de temps à marcher. La nuit m'inspire et même les chats farfouillants dans les poubelles m'offrent un spectacle que j'apprécie. J'ai envie d'écrire, d'écrire la vie que je vis, d'écrire chaque instant avec autant d'entrain et d'expression pour que chaque instant ait son importance propre, pour que chaque instant soit intense, pour que chaque instant ne soit pas un instant perdu et éphémère.
Comment vais-je écrire ma soirée. Laissez-moi vous raconter comment elle a commencé, pourquoi j'ai voulu écrire, laissez moi retourner dans le début de soirée vous faire vivre ce moment de partage qui m'a empli de joie.
Mon sac était prêt, j'avais toutes mes affaires je sortais, bien qu'avec peu d'entrain parce que je voyais déjà le chemin du retour à pied. C'est avec prudence et musique sur les oreilles que je naviguais dans la rue. Sur ma route la police et des gars qui se faisaient verbaliser. Je sentais le regard intense d'un des mecs accoudé sur la barrière. Je n'entendais rien et ne voulais rien entendre.
Je descends l'avenue recogidas en direction de l'appart de Naïma. Je passe devant un grand black posté là en t shirt sans but précis. Je vois dans ma vue périphérique qu'il me regarde. Un coin de rue me paraît être le lieu où je devais tourner d'après les indications de Jo, mais j'en étais pas persuadée. Je l'ai prise quand même, j'ai tourné à la première à droite à 50 mètres et ai parcouru 100mètres. Mais pas de bar, par contre je suis arrivée en bout de rue et plutôt que de faire demi tour ,je retournais à droite pour rejoindre Recogidas. Arrivée au bout de cette rue, je me rendis compte que j'allais repasser devant le grand black, je ne le voyais pas encore mais riais déjà toute seule de la surprise que cela allait lui faire. Effectivement il m'a regardé pour la deuxième fois, mais bizarrement ce coup ci. Je rigolais dans ma barbe.
Je rencontrais Milena la brésilienne et Natalie une espagnole. Il y avait aussi José et JB.
Je n'arrivais pas trop à me pousser à parler avec eux. Mais l'occasion qui se présentait je le saisissais.
Le bar Playmobil.
Un écran en tissus accroché à un cardre en carton rouge en forme de grande télé. Des images qui défilaient, de la musique forte, des pintes de bière pour 1,50€, du bruits, du monde, une lumière tamisée, de l'espace, le droit de fumer, de nouveaux amis, ERASMUS!!!!!
Nous étions là tous les quatre restant et je réalisais enfin que j'étais en erasmus dans une année de folie et que si je voulais qu'elle soit exaltante il fallait que je la rende exaltante. Je me suis sentie d'un seul coup d'emplir d'enthousiasme et un sourire profond illuminait peu à peu mon visage à cette révélation. J'avais tout d'un coup envie de trinquer, de montrer mon allégresse, de partager avec ces autres erasmus mon plaisir. Je pensais à mes projets, à ce que nous allions pouvoir réaliser cette année, aux sorties, aux rencontres. Je me voyais comme dans un film. Même si j'avais voulu rêver ce moment je n'aurais jamais réussi une oeuvre comme celle ci. Détachement, commencement.
Je m'accoudais au comptoir et regardais tous ces espagnols aux looks typiques, cette ambiance festive où les voix se perdaient dans tout ce remue ménage. Pas de contraintes, pas de stress, faire ce qu'il y a à faire quand il faut le faire.
Demain serait un autre jour où tout est possible...
J'étais aux anges et les autres profitaient au même niveau. J'avais comme enlevé toute ma retenue mais de manière positive, pas de regrets, de honte, de superficialité. Je connais à peine ces gars mais je les adorent déjà pour ce qu'ils représentent dans cette expérience. Je ne me perds pas dans des souvenirs nostalgiques non, je n'ai pas de place pour la latence, la tristesse, je vis heureuse et amoureuse de cette nouvelle vie. Je suis dans un monde parallèle à mon monde habituel et suis incorporé à cet instant même, une osmose espace/temps. Je respirais l'air enfumé du bar de Grenade, j'écoutais les éclats de voix en espagnol, j'étais habitée d'envie de faire quelque chose de ce moment, de ne pas me laisser entrainée bêtement sans être actrice.
Ce mot erasmus à tout un sens maintenant, ce n'est plus qu'une notion abstraite, c'est la vie qui passe au travers de nous nous entrainant, nous aspirant, nous bousculant. Et ces amis qui sont là en face de moi, avec moi. Nous sommes tous là dans ce présent délicieux. Pas de démesure, de l'harmonie entre environnement et Être intime.
mercredi 30 septembre 2009
mardi 29 septembre 2009
Albaycín
Albaycín
La guitare résonnait contre les pavés de la petite rue, accompagnée du son mélodieux du violon et de la chaleur de la voix de ce jeune garçon aux cheveux longs dredés dressé le long des murs de pierres d'Albaizin. Le coffre de la guitare ouvert en guise de réceptacle pour pièces de monnaies généreusement lâchées d'un porte feuille, ou d'une poche d'un passant enthousiasmé par l'âme se dégageant du lieux et de cette musique envoutante au tonalités Andalouses.
Comme incrusté dans la pierre un bar fait l'angle en face des musiciens. Les gens y sont assis tranquillement buvant leur bière, parlant fort et dégustant leur tapas et profitant de l'ambiance musicale qui leur est offerte en spectacle. Le jour commence légèrement à se perdre derrière les murs, seule une lumière bleutée se reflète sur les murs blancs de cette cité Arabe ancienne. De ruelles en ruelles nous nous enfouissons dans l'Albaycin. Sur la note de souvenir que nous nous contons l'un et l'autre, s'ajoute la merveille de ce paysage urbain. De grandes maison aux arches sculptées et aux calligraphies d'Orient qui ornent leur porte qui semble blindée, mais qui laisse entrevoir par le petit carré grillagé l'intérieur. Des jardins où se confondent plantes exotiques aux longues tiges d'un vert intense, et mosaïques des murs d'où s'allongent des chemins pavés bordés pierres arrondies. Ce n'est qu'en un coup d'oeil perdu que je pu me glisser dans cet intime lieux de riches propriétaires.
Nous poursuivons notre rencontre avec le monde aux saveurs d'Orient sur les pavés glissants et toujours avec la même difficulté, mais transportés par la richesse du lieu. Un vrai labyrinthe où il serait très facile de se perdre. Les ruelles ne laissent rien entrevoir au delà, seulement les murs qui constituent les parois de la multitudes d'organes que compte ce corps bossu et charnu qu'est l'Albaycín.
Nous arrivons enfin sur la place qui surplombe la ville et nargue l'Alhambra sur l'autre pan de la Sierra Nevada. Beaucoup de gens admirent le paysage.
Quelle splendeur! Le ciel est un mélange de rose, orange, bleu confondus dans l'horizon. La ville en est repeinte et n'a plus du tout le même aspect que dans la journée. Elle devient un décors de paysage fantastique. Mais quand on regarde plus à l'Est, on se tait devant l'impériale posture de l'Alhambra nichée au bout de la montagne et surveillant d'un oeil strict la ville où les oiseaux de nuit se bousculent dans les bars. Les ombres de ses jardins se profilent dans l'obscure lumière de la nuit presque tombée. La Sierra Nevada s'étend à perte de vue vers l'Est toujours et perse de ses sommets le ciel, gravissant les nuages. On peut apercevoir au loin le reste de la forteresse du Royaume Arabe. Comme l'épine fissurée, cassée, rompue de la colonne vertébrale d'un palais ancien, où vivaient dans une vigilance de chaque jour, un peuple qui se battait contre les Chrétiens jusqu'au 15 ème siècle.
Se côtoient sur la place où nous nous trouvons, Eglise Chrétienne et Mosquée, emprunte d'une Histoire religieuse houleuse, mais illustration d'une cohabitation possible aujourd'hui.
Nous repartons une fois la nuit tombée totalement et c'est en aveugle que nous nous profilons dans les ruelles sombres sans problème. Nous débouchons dans la venelle du thé. Des salon de thé à perte de vue ornés de tentures, et aux devantures digne d'un décors des milles et une nuit. Des sachets de thé pour deux euro, des bijoux, des vêtements, des services à thé... L'encens se mélange avec l'air ambiant et nous fait rêver. Je cherche comme envoutée d'où proviennent ses senteurs qui m'enivrent. Les ruelles silencieuses ont laissé place à la frénésie des venelles et rues à Tapas.
C'est en espagnol que nous poursuivons la conversation et entrons dans un bar pour commander deux Sangria et leurs tapas qui vont avec. Nous sommes Rue Elmira, près de la Plaza Nueva. Le quartier des bars à tapas, celui où tous les jeunes se retrouvent pour partager un moment ensemble.
Puis comme un bras qui s'allonge, les pavés continuent leur chemin entre la montagne d'Albaycín et la Gran Via. C'est le coin des hippies, des junkies, des SDF. Mais c'est tellement beau. On est dans une époque gothique, où les façades sont de pierre et s'élèvent dans le ciel toute droite presque à lécher le balcon d'en face. Les murs sont parcourus de tag. Dans le creux de la roche coule une fontaine d'eau potable. Je suis seule, je rentre chez moi. Je suis fatiguée, mais contente. Le bus démarre, c'est la fin de la soirée pour moi, il est 23heures, c'est le début pour d'autres.
La guitare résonnait contre les pavés de la petite rue, accompagnée du son mélodieux du violon et de la chaleur de la voix de ce jeune garçon aux cheveux longs dredés dressé le long des murs de pierres d'Albaizin. Le coffre de la guitare ouvert en guise de réceptacle pour pièces de monnaies généreusement lâchées d'un porte feuille, ou d'une poche d'un passant enthousiasmé par l'âme se dégageant du lieux et de cette musique envoutante au tonalités Andalouses.
Comme incrusté dans la pierre un bar fait l'angle en face des musiciens. Les gens y sont assis tranquillement buvant leur bière, parlant fort et dégustant leur tapas et profitant de l'ambiance musicale qui leur est offerte en spectacle. Le jour commence légèrement à se perdre derrière les murs, seule une lumière bleutée se reflète sur les murs blancs de cette cité Arabe ancienne. De ruelles en ruelles nous nous enfouissons dans l'Albaycin. Sur la note de souvenir que nous nous contons l'un et l'autre, s'ajoute la merveille de ce paysage urbain. De grandes maison aux arches sculptées et aux calligraphies d'Orient qui ornent leur porte qui semble blindée, mais qui laisse entrevoir par le petit carré grillagé l'intérieur. Des jardins où se confondent plantes exotiques aux longues tiges d'un vert intense, et mosaïques des murs d'où s'allongent des chemins pavés bordés pierres arrondies. Ce n'est qu'en un coup d'oeil perdu que je pu me glisser dans cet intime lieux de riches propriétaires.
Nous poursuivons notre rencontre avec le monde aux saveurs d'Orient sur les pavés glissants et toujours avec la même difficulté, mais transportés par la richesse du lieu. Un vrai labyrinthe où il serait très facile de se perdre. Les ruelles ne laissent rien entrevoir au delà, seulement les murs qui constituent les parois de la multitudes d'organes que compte ce corps bossu et charnu qu'est l'Albaycín.
Nous arrivons enfin sur la place qui surplombe la ville et nargue l'Alhambra sur l'autre pan de la Sierra Nevada. Beaucoup de gens admirent le paysage.
Quelle splendeur! Le ciel est un mélange de rose, orange, bleu confondus dans l'horizon. La ville en est repeinte et n'a plus du tout le même aspect que dans la journée. Elle devient un décors de paysage fantastique. Mais quand on regarde plus à l'Est, on se tait devant l'impériale posture de l'Alhambra nichée au bout de la montagne et surveillant d'un oeil strict la ville où les oiseaux de nuit se bousculent dans les bars. Les ombres de ses jardins se profilent dans l'obscure lumière de la nuit presque tombée. La Sierra Nevada s'étend à perte de vue vers l'Est toujours et perse de ses sommets le ciel, gravissant les nuages. On peut apercevoir au loin le reste de la forteresse du Royaume Arabe. Comme l'épine fissurée, cassée, rompue de la colonne vertébrale d'un palais ancien, où vivaient dans une vigilance de chaque jour, un peuple qui se battait contre les Chrétiens jusqu'au 15 ème siècle.
Se côtoient sur la place où nous nous trouvons, Eglise Chrétienne et Mosquée, emprunte d'une Histoire religieuse houleuse, mais illustration d'une cohabitation possible aujourd'hui.
Nous repartons une fois la nuit tombée totalement et c'est en aveugle que nous nous profilons dans les ruelles sombres sans problème. Nous débouchons dans la venelle du thé. Des salon de thé à perte de vue ornés de tentures, et aux devantures digne d'un décors des milles et une nuit. Des sachets de thé pour deux euro, des bijoux, des vêtements, des services à thé... L'encens se mélange avec l'air ambiant et nous fait rêver. Je cherche comme envoutée d'où proviennent ses senteurs qui m'enivrent. Les ruelles silencieuses ont laissé place à la frénésie des venelles et rues à Tapas.
C'est en espagnol que nous poursuivons la conversation et entrons dans un bar pour commander deux Sangria et leurs tapas qui vont avec. Nous sommes Rue Elmira, près de la Plaza Nueva. Le quartier des bars à tapas, celui où tous les jeunes se retrouvent pour partager un moment ensemble.
Puis comme un bras qui s'allonge, les pavés continuent leur chemin entre la montagne d'Albaycín et la Gran Via. C'est le coin des hippies, des junkies, des SDF. Mais c'est tellement beau. On est dans une époque gothique, où les façades sont de pierre et s'élèvent dans le ciel toute droite presque à lécher le balcon d'en face. Les murs sont parcourus de tag. Dans le creux de la roche coule une fontaine d'eau potable. Je suis seule, je rentre chez moi. Je suis fatiguée, mais contente. Le bus démarre, c'est la fin de la soirée pour moi, il est 23heures, c'est le début pour d'autres.
Mon voyage aller
Jueves 18 de septiembre.
Mon état avant le départ
Mon corps vibrait d'une seule et même corde dirigé par un coeur battant enfermé dans les bras crochus de ma cage thoracique. Voilà comment je décrirais mon état les quelques jours avant mon départ. Mais Mme Luby à travaillé de chœur avec moi et nous avons réussi à tout débloquer ou presque.
Quai Baco
Un voyage en car qui a duré de 21h15 à 17h30. De quoi avoir mal au dos et mal aux fesses.
Quai Baco, je suis en compagnie de maman, mamie, papa, Emlyn et Lila. Mes bagages sont lourds et encombrants. Je les étiquette et m'en vais rejoindre ma troupe. L'heure n'est pas aux pleurs mais à l'excitation, mon cœur palpite et mon souffle est court. Je n'ai plus le temps de dire un dernier mot à chacun d'entre eux. Juste un au revoir, rien de très élaboré, pas de belles paroles pour souder notre amitié, notre fraternité. Seulement un bisous et quelques mots banals lancés rapidement.
Lila et Emlyn me font la chorégraphie des Stapsiens et je sens quelques larmes montées. Mon voisin d'à côté rigole à les voir faire les clowns et j'ai un peu honte, mais suis contente tout de même. Ils s'y mettent tous à faire les guignolo dehors, jusqu'à ma tendre grand mère jouant avec son foulard.
Un moment que je n'appellerais pas solennel, mais précieux quelqu'en fut la précipitation dans laquelle il s'écoula tel un sablier ne donnant pas de dernière minute au dernier grain de sable tombé dans le tas de sable blanc.
Première rencontre eurolinesienne
La route est longue, la nuit déjà à recouvert le ciel et assombrit la ville. Nous roulons dans Nantes tel un sentinel, ou encore une chenille glissant lentement dans l'herbe haute.
L'inconnu à côté de moi me devient plus intime, le voilà devenu espagnol, il voyage vers Bilbao et est parti de Rennes. Il etait en France pour quelques jours et s'en retourne seulement quelques semaines en Espagne avant de poursuivre son master en informatique.
Le film commence, nous levons tous nos têtes vers l'écran, sauf les deux voisines courageuses qui lisent leur bouquin, et regardons Hidalgo. Massacre d'indien voilà les premières images que nous pouvons observer. Je me sens touchée par ces images de violence envers un peuple qui fut le mien il y a de cela quelques siècles et de qui je suis donc issue. Certains ont survécus et grâce à ça nous avons pu irriter de ce précieux cadeau d'être leurs descendants, descendants des gardiens de la terre, du peuple de la Mère Terre, des détenteurs des secrets les mieux gardés du monde des esprits et de la Nature.
J'hésite entre continuer la conversation avec mon voisin, dormir et regarder le film. Je décide rapidement de ne pas parler à mon voisin, mais je n'arrive pas à me décider pour ce qui est de dormir ou regarder le film. Finalement je regarde le film, je ne pourrais pas dormir avec le bruit.
Le film terminé je m'endors tout comme la majorité du car, mon voisin y compris. Ce n'ai qu'à une heure que nous nous arrêtons pour dîner en ce qui me concerne. C'est un met délicieux que je m'achète que l'on appelle plus couramment sandwich jambon beurre. Je m'empiffre rapidement car personne ne sait quand on va retourner dans le car et je voudrais pouvoir fumer ma clope avant.
Changement de place
Une dame rentre plus tard avec deux enfants, seule la place à mes côté s'est libérée de mon espagnol descendu à Bilbao. Je vois le coup venir que je vais avoir le bébé à côté de moi. Finalement on me demande si je veux bien me mettre ailleurs. Je me retrouve dans le siège de devant au côté d'une jeune fille emmitouflée dans sa couverture, mes jambes n'entrant pas totalement dans l'espace qui m'est imparti. Je dors le cou courbé, les jambes dans le vide du couloir et la tête tombante.
Non je veux pas qu'on m'oublie!!!
Il doit être 6 heures quand nous descendons dans un hangar à car pour aller aux toilettes. Me voilà enfermée dedans. Je prévient alors les dames qui sont avec moi de s'éloigner de la porte si elles sont devant. Mais à force d'obstination, je finis par réussir à ouvrir la porte sans escalader. Je me revoyais déjà comme lors de mes examens de BTS pendant une épreuve en train d'escalader les chiottes. Je sympathise donc avec deux bordelaises d'un certain âge déjà qui s'en vont marcher quelques semaines en Espagne. Voilà maintenant que nous ne pouvons pas entrer dans le car qui est en train de prendre de l'essence. Les portes sont fermées et le conducteur nous demande de nous éloigner. Le voilà qui redémarre et commence à avancer au devant de nous. On commence à s'inquiéter et à courir derrière. Nous remontons enfin dedans et je me mets à discuter avec ma voisine elle même bordelaise qui s'en va en Erasmus à Cordoue. Nous décidons après coup de continuer notre nuit avant que le jour ne se lève.
Le fameux Puente del Quintana
Ce n'est que deux heures plus tard que nous arrivons à Puente del Quintana qui se trouve à Burgos. Je fais connaissance avec Charlie, une jeune fille de Bordeaux également. Elle, s'en va en direction de Malaga. Elle part trois mois chez sa soeur en vacances pour ensuite partir travailler en Angleterre. Elle ne semble encore pas très réveillée, mais me paraît sympa. Nous retournons vers le car pour être sur de ne pas le louper au moment de son départ comme je l'avais fait il y a deux ans en allant à Madrid.
Deux heures de retard. Alors que Charlie dormait et que Emeline nous avait quittée, je commençais à discuter avec un homme de plus de 75 ans en espagnol. Il était originaire d'Allemagne, mais vivait depuis 1975 à Grenade pour le travail. Il était parti rendre visite à sa famille en Allemagne et avait donc déjà passé 28heures dans le car. Quelle folie tout de même!
Des oliviers, de vastes étendues d'herbes sèches, un paysage un peu aride où ne poussent que de la végétation rase. Du nord au sud ces paysages ne varient pas beaucoup. Nous arrivons sur une petite aire d'autoroute où il est logé un restaurant. Bâtisse au toit bas au couleur rouge ocre et à la devanture comme dans les film, ornée de bords sculptés. Nous entrons avec Charlie à l'intérieur observant tout au alentour. Je m'arrête d'abord devant une vitrine de couteaux. Puis dans une pièce séparée nous trouvons là un long comptoir où fume un espagnol sa cigarette. Un ventilo tournant au plafond, des mouches volantes, des serveurs en nage derrière le comptoir, des tabourets pour s'accouder à hauteur du comptoir. Dans les vitrine, acras et autres spécialités se bousculent. 4€ l'assiette avec un peu de tout, un coca et nous mangeons nos plats froids avec Charlie. La porte des toilettes est tallée dans un bois que j'appellerais d'après mes propres termes, brute. Derrière la porte sont dessinés sur de autres portes une femme élégante rappelant les Andalouses dans leurs grandes robes et sur la porte des hommes des gentlemen. À l'intérieur une vaste pièce aux murs carrelé avec le style espagnol. Les grandes portes de l'intimité annale et vaginale sont sculptées. De grands miroirs couvre un pan du mur face aux toilettes. Je me sens dans le luxe à l'espagnol.
Dehors les mouches sont en nombre. Les gens sont éparpillés sur les marches, derrières les barrières surélevées de la façade du restaurant, derrière un arbre. Charlie et moi sommes assises le long du trottoir, je fume ma cigarette dans ce décor nouveau sentant un air d'aventure du far west bien qu'en réalité il soit plus propre du far south. Le vieil homme qu'on appelle Bernard, Bernardo, Bern vient nous rejoindre. Il est vêtu d'un pantalon de toile jaune avec des carreaux, son doigt dépassant d'une des poches trouées. Grand, fin, de larges épaules fines, des cheveux très blancs, une petite moustache, et de petits yeux bleux, un petit sourire bienveillant et un peu de malice. Il me fait sourire, il est charmant ce vieil homme, il ne doit plus avoir toute sa tête d'après ce qu'il m'a lui même fait comprendre, ni même toute son audition, mais il n'a pas perdu sa langue et aime à papoter avec nous. Il nous parle de l'époque où il rencontra sa femme. Ils partirent en direction de l'Allemagne pour qu'il puisse présenter sa femme à sa famille. Sur le chemin, beaucoup plus long qu'aujourd'hui, ils passèrent par Bordeaux et ce fut une nuit inoubliable qu'il passa avec sa femme dans un lit, nous dit-il, confortable en comparaison au siège du car. Une ville qui a pour lui un sens, une histoire, une âme fantomatique d'un passé lointain. Charlie galère à comprendre et à parler, mais essaie de participer comme elle peut à la conversation.
Nous reprenons enfin le car. La femme qui m'avait délogée de ma place de manière peu courtoise, m'interpella doucement et me dit « ils ne vendaient pas de bonbons, alors je vous donne des pêches pour vous remercier de m'avoir libérée la place pour ma mère et moi ». Je la regarde avec un sourire bienveillant et la remercie de tout coeur, mais qu'il ne fallait pas, c'était normal.
Nous retournons dans nos rêves avec Charlie et quand nous rouvrons enfin les yeux nous sommes dans la montagne. Nous parlons de tout et de rien. Nous débattons écologie, voyage, et surtout nous rigolons d'un rire nerveux des suite d'un long voyage, nous sommes fatiguées et contentes de notre rencontre. C'est une jeune femme de 21 ans, les cheveux très courts, laissant couler le long de ses oreilles deux petites pattes. Des yeux bleux rougis par l'air du car, la fatigue et son allergie aux acariens. Un sourire sincère et un rire venant du coeur. Son oreiller rose pâle sur ses genoux, ses mouchoirs dans le filet devant les jambes, nous discutons encore et encore comme si nous nous connaissions, sans jugement, sans timidité, sans limites. Nous savons que la rencontre est éphémère, nous ne cherchons pas à tout raconter qui nous sommes, se que nous faisons dans la vie, nous partageons seulement des opinions, des visions des choses et du monde. Sa sœur est venue en Espagne avec son sac à dos et son français pour seul langage et a attérit près de Malaga après avoir fait du woofing. En hippy elle est partie, en compagne elle vit maintenant depuis un an dans ce pays aux milles saveurs.
Mon état avant le départ
Mon corps vibrait d'une seule et même corde dirigé par un coeur battant enfermé dans les bras crochus de ma cage thoracique. Voilà comment je décrirais mon état les quelques jours avant mon départ. Mais Mme Luby à travaillé de chœur avec moi et nous avons réussi à tout débloquer ou presque.
Quai Baco
Un voyage en car qui a duré de 21h15 à 17h30. De quoi avoir mal au dos et mal aux fesses.
Quai Baco, je suis en compagnie de maman, mamie, papa, Emlyn et Lila. Mes bagages sont lourds et encombrants. Je les étiquette et m'en vais rejoindre ma troupe. L'heure n'est pas aux pleurs mais à l'excitation, mon cœur palpite et mon souffle est court. Je n'ai plus le temps de dire un dernier mot à chacun d'entre eux. Juste un au revoir, rien de très élaboré, pas de belles paroles pour souder notre amitié, notre fraternité. Seulement un bisous et quelques mots banals lancés rapidement.
Lila et Emlyn me font la chorégraphie des Stapsiens et je sens quelques larmes montées. Mon voisin d'à côté rigole à les voir faire les clowns et j'ai un peu honte, mais suis contente tout de même. Ils s'y mettent tous à faire les guignolo dehors, jusqu'à ma tendre grand mère jouant avec son foulard.
Un moment que je n'appellerais pas solennel, mais précieux quelqu'en fut la précipitation dans laquelle il s'écoula tel un sablier ne donnant pas de dernière minute au dernier grain de sable tombé dans le tas de sable blanc.
Première rencontre eurolinesienne
La route est longue, la nuit déjà à recouvert le ciel et assombrit la ville. Nous roulons dans Nantes tel un sentinel, ou encore une chenille glissant lentement dans l'herbe haute.
L'inconnu à côté de moi me devient plus intime, le voilà devenu espagnol, il voyage vers Bilbao et est parti de Rennes. Il etait en France pour quelques jours et s'en retourne seulement quelques semaines en Espagne avant de poursuivre son master en informatique.
Le film commence, nous levons tous nos têtes vers l'écran, sauf les deux voisines courageuses qui lisent leur bouquin, et regardons Hidalgo. Massacre d'indien voilà les premières images que nous pouvons observer. Je me sens touchée par ces images de violence envers un peuple qui fut le mien il y a de cela quelques siècles et de qui je suis donc issue. Certains ont survécus et grâce à ça nous avons pu irriter de ce précieux cadeau d'être leurs descendants, descendants des gardiens de la terre, du peuple de la Mère Terre, des détenteurs des secrets les mieux gardés du monde des esprits et de la Nature.
J'hésite entre continuer la conversation avec mon voisin, dormir et regarder le film. Je décide rapidement de ne pas parler à mon voisin, mais je n'arrive pas à me décider pour ce qui est de dormir ou regarder le film. Finalement je regarde le film, je ne pourrais pas dormir avec le bruit.
Le film terminé je m'endors tout comme la majorité du car, mon voisin y compris. Ce n'ai qu'à une heure que nous nous arrêtons pour dîner en ce qui me concerne. C'est un met délicieux que je m'achète que l'on appelle plus couramment sandwich jambon beurre. Je m'empiffre rapidement car personne ne sait quand on va retourner dans le car et je voudrais pouvoir fumer ma clope avant.
Changement de place
Une dame rentre plus tard avec deux enfants, seule la place à mes côté s'est libérée de mon espagnol descendu à Bilbao. Je vois le coup venir que je vais avoir le bébé à côté de moi. Finalement on me demande si je veux bien me mettre ailleurs. Je me retrouve dans le siège de devant au côté d'une jeune fille emmitouflée dans sa couverture, mes jambes n'entrant pas totalement dans l'espace qui m'est imparti. Je dors le cou courbé, les jambes dans le vide du couloir et la tête tombante.
Non je veux pas qu'on m'oublie!!!
Il doit être 6 heures quand nous descendons dans un hangar à car pour aller aux toilettes. Me voilà enfermée dedans. Je prévient alors les dames qui sont avec moi de s'éloigner de la porte si elles sont devant. Mais à force d'obstination, je finis par réussir à ouvrir la porte sans escalader. Je me revoyais déjà comme lors de mes examens de BTS pendant une épreuve en train d'escalader les chiottes. Je sympathise donc avec deux bordelaises d'un certain âge déjà qui s'en vont marcher quelques semaines en Espagne. Voilà maintenant que nous ne pouvons pas entrer dans le car qui est en train de prendre de l'essence. Les portes sont fermées et le conducteur nous demande de nous éloigner. Le voilà qui redémarre et commence à avancer au devant de nous. On commence à s'inquiéter et à courir derrière. Nous remontons enfin dedans et je me mets à discuter avec ma voisine elle même bordelaise qui s'en va en Erasmus à Cordoue. Nous décidons après coup de continuer notre nuit avant que le jour ne se lève.
Le fameux Puente del Quintana
Ce n'est que deux heures plus tard que nous arrivons à Puente del Quintana qui se trouve à Burgos. Je fais connaissance avec Charlie, une jeune fille de Bordeaux également. Elle, s'en va en direction de Malaga. Elle part trois mois chez sa soeur en vacances pour ensuite partir travailler en Angleterre. Elle ne semble encore pas très réveillée, mais me paraît sympa. Nous retournons vers le car pour être sur de ne pas le louper au moment de son départ comme je l'avais fait il y a deux ans en allant à Madrid.
Deux heures de retard. Alors que Charlie dormait et que Emeline nous avait quittée, je commençais à discuter avec un homme de plus de 75 ans en espagnol. Il était originaire d'Allemagne, mais vivait depuis 1975 à Grenade pour le travail. Il était parti rendre visite à sa famille en Allemagne et avait donc déjà passé 28heures dans le car. Quelle folie tout de même!
Des oliviers, de vastes étendues d'herbes sèches, un paysage un peu aride où ne poussent que de la végétation rase. Du nord au sud ces paysages ne varient pas beaucoup. Nous arrivons sur une petite aire d'autoroute où il est logé un restaurant. Bâtisse au toit bas au couleur rouge ocre et à la devanture comme dans les film, ornée de bords sculptés. Nous entrons avec Charlie à l'intérieur observant tout au alentour. Je m'arrête d'abord devant une vitrine de couteaux. Puis dans une pièce séparée nous trouvons là un long comptoir où fume un espagnol sa cigarette. Un ventilo tournant au plafond, des mouches volantes, des serveurs en nage derrière le comptoir, des tabourets pour s'accouder à hauteur du comptoir. Dans les vitrine, acras et autres spécialités se bousculent. 4€ l'assiette avec un peu de tout, un coca et nous mangeons nos plats froids avec Charlie. La porte des toilettes est tallée dans un bois que j'appellerais d'après mes propres termes, brute. Derrière la porte sont dessinés sur de autres portes une femme élégante rappelant les Andalouses dans leurs grandes robes et sur la porte des hommes des gentlemen. À l'intérieur une vaste pièce aux murs carrelé avec le style espagnol. Les grandes portes de l'intimité annale et vaginale sont sculptées. De grands miroirs couvre un pan du mur face aux toilettes. Je me sens dans le luxe à l'espagnol.
Dehors les mouches sont en nombre. Les gens sont éparpillés sur les marches, derrières les barrières surélevées de la façade du restaurant, derrière un arbre. Charlie et moi sommes assises le long du trottoir, je fume ma cigarette dans ce décor nouveau sentant un air d'aventure du far west bien qu'en réalité il soit plus propre du far south. Le vieil homme qu'on appelle Bernard, Bernardo, Bern vient nous rejoindre. Il est vêtu d'un pantalon de toile jaune avec des carreaux, son doigt dépassant d'une des poches trouées. Grand, fin, de larges épaules fines, des cheveux très blancs, une petite moustache, et de petits yeux bleux, un petit sourire bienveillant et un peu de malice. Il me fait sourire, il est charmant ce vieil homme, il ne doit plus avoir toute sa tête d'après ce qu'il m'a lui même fait comprendre, ni même toute son audition, mais il n'a pas perdu sa langue et aime à papoter avec nous. Il nous parle de l'époque où il rencontra sa femme. Ils partirent en direction de l'Allemagne pour qu'il puisse présenter sa femme à sa famille. Sur le chemin, beaucoup plus long qu'aujourd'hui, ils passèrent par Bordeaux et ce fut une nuit inoubliable qu'il passa avec sa femme dans un lit, nous dit-il, confortable en comparaison au siège du car. Une ville qui a pour lui un sens, une histoire, une âme fantomatique d'un passé lointain. Charlie galère à comprendre et à parler, mais essaie de participer comme elle peut à la conversation.
Nous reprenons enfin le car. La femme qui m'avait délogée de ma place de manière peu courtoise, m'interpella doucement et me dit « ils ne vendaient pas de bonbons, alors je vous donne des pêches pour vous remercier de m'avoir libérée la place pour ma mère et moi ». Je la regarde avec un sourire bienveillant et la remercie de tout coeur, mais qu'il ne fallait pas, c'était normal.
Nous retournons dans nos rêves avec Charlie et quand nous rouvrons enfin les yeux nous sommes dans la montagne. Nous parlons de tout et de rien. Nous débattons écologie, voyage, et surtout nous rigolons d'un rire nerveux des suite d'un long voyage, nous sommes fatiguées et contentes de notre rencontre. C'est une jeune femme de 21 ans, les cheveux très courts, laissant couler le long de ses oreilles deux petites pattes. Des yeux bleux rougis par l'air du car, la fatigue et son allergie aux acariens. Un sourire sincère et un rire venant du coeur. Son oreiller rose pâle sur ses genoux, ses mouchoirs dans le filet devant les jambes, nous discutons encore et encore comme si nous nous connaissions, sans jugement, sans timidité, sans limites. Nous savons que la rencontre est éphémère, nous ne cherchons pas à tout raconter qui nous sommes, se que nous faisons dans la vie, nous partageons seulement des opinions, des visions des choses et du monde. Sa sœur est venue en Espagne avec son sac à dos et son français pour seul langage et a attérit près de Malaga après avoir fait du woofing. En hippy elle est partie, en compagne elle vit maintenant depuis un an dans ce pays aux milles saveurs.
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