lundi 5 avril 2010

Semana Santa

SEMANA SANTA
(Del Lunes 29 de Marzo al Domingo 3 de Avril)

Une semaine entière de processions et de fêtes religieuses dans Grenade. Du lundi 29 mars au dimanche 4 avril. Les rues de Grenade étaient absolument blindées. Au loin on pouvait entendre les fanfares, les tambours et les trompettes résonnaient, et se répercutaient en écho dans la montagne et contre les murs des maisons.
Davi me raconte énervée, qu'elle en a marre de ces putains de processions qui l'empêchent de rentrer chez elle, qui bloquent la ville. Elle considère cela comme une agression, une sorte imposition de la religion catholique sur les athées. Que tous ces gens qui manifestent pour leur foi en Dieu ne donnent pas la parole aux gens comme elle. En gros, elle déteste cette semaine où les catholiques sortent le grand jeu.
En accord avec elle, Billy me tient le même discours enragé. Il me raconte qu'il ne peut même pas rentrer du taff tranquillement, sans se faire agresser par les « vieilles mégères », qui l'empêchent de passer et font passer son empressement de rentrer chez lui pour un blasphème, pour un manque de respect.
De l'autre côté du pacifique, de son PC à Lima, Azucena me fait savoir qu'elle passe la semaine Sainte dans le respect profond de la religion et remarque qu'à Madrid les jeunes perdent de plus en plus la foi, mais elle loue les bienfaits des processions Andalouses.

Moi en attendant en pure touriste, je vais voir à quoi ça ressemble.

Mercredi 31 mars: procession gitanes
« S'il y a bien une procession à voir c'est celle des gitans », me dit-on.
Je croise Inma ma voisine en revenant des poubelles. Elle me parle de la procession des Gitans dont j'avais déjà entendu parlé et me propose d'y aller avec elle et ses amis. Je me dis que pourquoi pas, c'est sûr de toute façon j'y vais. J'en avais parlé aussi avec Oscar le mexicain, qui doit y aller avec des potes de Madrid.
Un peu plus tard, Elodie du quatrième sort la tete par sa fenêtre et m'appelle: « eh! Ça te dis d'aller à la procession gitane ce soir? ». Je lui réponds que oui et même que j'étais déjà en plans avec sa coloc.
Nous prévoyons alors de nous rendre tous ensemble là bas ce soir.

Mon téléphone sonne, j'étais chez Elo à manger pour ensuite aller à Sacromonte dans les Cuevas (grottes) : « ALICIAAAAAAAAAAA!!! T'es sur Grenade? Faut qu'on se voit!!, là je mange, mais on se tient au courant dans l'aprem pour se voir » (il était déjà 17h quand même et on mangeait le repas du midi).


Les flics sont au bas de la grotte où habite Shane. On passe entre eux et on tire le vieux grillage de fer rouillé pour monter en file indienne sur un petit chemin caillouteux jusqu'à la cueva de Shane.
On est derrière la muraille de l'ancien Empire Maure. Dans la montagne. On est entre la nature et l'urbanisation. Les flics sont là pour couper l'électricité de la grotte sur demande du voisin du dessous. Ils les a appelé sous prétexte qu'il y avait des poubelles sur le terrain. En fait, ils sont venus pour couper l'électricité, voler le projecteur et intimider. Parce que ce voisin veut construire sur ce terrain, il n'a aucun droit pour cela, mais corrompt les flics pour qu'ils dissuadent les jeunes qui vivent là d'y rester.



Je réussis à avoir Alicia, mais il faut que je la cherche un certain temps avant. Nous avons déjà mangé le Bizcocho, mais on nous sert un tasse de thé pakistanais, dans des gamelles.
Le vent commence à souffler et l'ombre de la muraille nous apporte la fraîcheur.
On se décide enfin à redescendre pour se préparer pour la procession. Il doit être bien 20h30 déjà.

Puisqu'on passe part chez moi, tant qu'à faire boire un petit coup. Du "Tio PEPE" !

                                             

On repars de chez moi. Il est déjà 23h30. Nous pénétrons les ruelles sombrent de l'Albaycín pour enfin arriver à la côte de Sacromonte. Un océan de badauds!! Nous nous engouffrons dans les ruelles et suivons la procession par en haut. Le décors est fabuleux. Nous sommes immergés dans le Sacromonte, El barrio de Flamenco aux murs blancs. C'est purement la fête ! Il y a des gens partout ! Des éclairages bas, de la musique, des gens qui chantent, des bars aménagés aux portes des maisons,... Nous avançons à petits pas sur les pavés en pentes et manquons de tomber. Nous nous glissons dans la foule et tendons à rejoindre le bas.
Enfin nous y arrivons, nous nous posons le long de la route, face à la Alhambra à attendre la procession que nous avons devancée. Nous nous prenons une bière au bar sur le bord de la route, et respirons les odeurs de barbecue. Des gitans chantent et dansent, nous nous approchons pour chanter avec eux. Nous avons perdu Oscar et ses amis. Mais Alicia, Maël, Inma, Flora, Elodie et les amis d'Inma sont encore tous là.



Les fanfares se rapprochent, nous sentons la tension qui monte, les gens se taisent, se rangent, et enfin apparaît Jésus sur les épaules de ses pauvres martyres. Les fanfares jouent maintenant devant nous comme un ras de marée emportant tout sur son passage par ses vibrations et ses décibels.
Puis,... grand silence, seul la voix criante d'une femme sur les hauteurs résonne, elle chante une cantate douloureuse et heureuse en même temps. Les milliers de gens se sont tous tus pour l'écouter. Les frissons me monte dans le dos. C'est solennel. C'est beau!

Nous repartons de nouveau le long de ce village gitan aux murs blancs.

Nous ne pouvons ni aller de l'avant, ni retourner en arrière, nous sommes littéralement bloqués. Cependant, saisissant notre chance lors d'un arrêt de la foule, nous traversons quasiment en courant pour rejoindre le bord. Nous décidons, alors qu'il est déjà 4h du mat, de rentrer par chez nous car le froid commence à bien nous envelopper.
En chemin, des gens sont regroupés, ils chantent et tapent sur la boite flamenca. Ils dansent et partagent un moment de joie dans l'élocution de paroles tristes parlant d'amour et de Gitan. Nous y restons un instant tapant des mains et dansant, puis rentrons nous coucher.



Jeudi 1 avril: Processions

Je me sens envahie par la foule, j'en deviens soudainement claustrophobe. Gran Via est envahie, je me rend sur Isabela la Católica pour retrouver Alicia et Maël et me retrouve encerclée. Des masses de gens arrivaient de tous les côtés. Une procession en provenance de Plaza Nueva; je vois venir les grands chapeaux pointus et la vierge qui viennent de Calle Molino. A ma gauche descendent beaucoup de gens pour aller voir la procession gigantesque qui se trouve en Recogidas.
Paradoxalement, dans mon athéisme, je me mets à prier pour qu'Alicia arrive avant les procession sur la place.







dimanche 4 avril 2010

pierdo el Norte

Vivo en la cuidad la mas preciosa de España
Su historia circula en las venas de cada individuo de esa magnifica Andalucía.

Granada de los poetas
Granada de los enamorados,
Granada de los Gitanos,
Granada de los musulmanes,
Granada de los Vagabundos,
Granada de los Románticos

Granada de las mujeres a la caballera de ébano, a los ojos penetrantes, tocando el suelo de sus largas piernas con tacones de hierro.
Sus muñecas, sus manos, sus brazos bailan una danza sensual y fogosa.
El Granada de los « I love Granada »,
El Granada de las muñecas en mini falda y con tacones, los punkes con crestas doradas, leegings, y piercing por toda parte del cuerpo, acompañados de sus perros.

El Granada de los Católicos,
El Granada de los inmigrantes que venden gafas, Cds en los bares, cinturones,

El Granada de las Flores, de las Cuevas, del Flamenco, de la Sierra, de las Callecitas bonitas, El Granada de los Arcos orientales, el Granada de los adoquines, el Granada de las teterias, de los souk, de las Iglesias, de las Prada,

El Granada a los Perfumes de incienso, de tés, de porros o el Granada a los Olores de meo y alcantarillas

El Granada de la noche, el Granada de los hippies, el Granada de las Pinturas, de las Colgaduras, el Granada de las Tapas, el Granada de la droga, de la fiesta, del libertinaje.

El Granada del Amor!

 La felicidad es interior, no exterior; por lo tanto, no depende de lo que tenemos, sino de lo que somos.. (Henry V. D.)....... 
Cómo protegerse del amor ?

Creía que nunca sería una victima del amor, de este amor que te confunde, pero me equivoque, y me ha engañado.

Pierdo el Norte, y no sé mas si pertenezco a Granada o si pertenezco a mi dulce Francia, querido país de mi infancia.
Me esta convirtiendo, me lleva, me apasiona, me deprima, me vuelvo nostálgica, me enriquece, me convierte en una mujer, me hace existir, me hace sentir las pulsaciones del corazon de la vida, una vida tan viciosa y apasionante.

J'en perds mon Nord d'être dans ce Sud!

Je vis dans la plus belle ville d'Espagne. Son histoire circule dans les veines de chaque individu de cette magnifique Andalousie. Grenade des poètes, Grenade des amoureux, Grenade des Gitans, Grenade des musulmans, Grenade des vagabonds, Grenade des romantiques, Des bêtes noires, Grenade des femmes aux chevelures d'eben, aux yeux perçants, qui battent le sol de leurs longues jambes aux talons de fer, leurs mains, leurs poignets, leurs bras entrent dans une danse sensuelle et fougueuse, Le Grenade des « I love Granada », Le Grenade des petites minettes en mini jupes et chaussures à talons aiguilles, des punk aux crêtes dorées, aux leggings, et aux piercing partout accompagnés de leurs chiens, Le Grenade des catholiques, Le Grenade des immigrés qui vendent des lunettes, des cds dans les bars, des ceintures, Le Grenade des fleurs, des Cuevas, du Flamenco, de la montagne, des petites rues charmantes, le Grenade des arches orientales, le Grenade aux pavées, le Grenade aux tétéria, aux souk, aux églises, aux prada, Le Grenade aux parfums d'encens, de thé, ou le Grenade aux odeurs de pisse et d'égout. Le Grenade de la nuit, le Grenade des hippies, le Grenade aux peintures, le Grenade aux tentures, le Grenade des tapas, le Grenade de la drogue, de la fête, du libertinage, Le Grenade de l'amour!  La felicidad es interior, no exterior; por lo tanto, no depende de lo que tenemos, sino de lo que somos.. (Henry V. D.).......  Comment se garder de tomber amoureuse ? Je croyais ne jamais être une victime de l'amour, de cet amour qui te fait te confondre, mais je me suis faite avoir. J'en perd le Nord, je ne sais plus si je lui appartiens ou si j'appartiens à ma douce France cher pays de mon enfance. Elle me change, elle me transporte, elle me passionne, elle me déprime, elle me rend nostalgique, elle m'épanouit et me rend femme, elle me fait exister, elle me fait sentir les battements du cœur de la vie, une vie tellement vicieuse et passionnante. La vie n'y est pour rien dans mon malheur ou mon bonheur, j'ai toujours vécu dans l'erreur, je me suis trompée de responsable et me suis rendue compte que j'étais la seule à pouvoir faire vaciller mon cœur dans le bonheur ou dans la tristesse. Elle me rend confuse, j'en rougie de ne plus connaître mon Nord, de ne plus savoir si je veux réellement que notre histoire ne soit qu'éphémère, qu'un souffle, qu'un rêve. Je sens le temps s'écouler tellement vite, que je m'empresse d'exprimer avec des mots cet amour qui me rendais si inconcise. Je crois que là était l'aiguille qui me blessait peu à peu me conduisant vers la passivité, le laisser aller, je ne savais pas ce qui se passait au fond de moi... L'amour.

mardi 2 février 2010

sueños del Mirador



Le blanc de son manteau brille à l'horizon, dominant la vallée, impériale, perçant le ciel de ses pics rocheux. La Sierra Nevada manifeste son imposante silhouette au loin, tapissant le décors de fond de la Alhambra.
Sur la place pavée du Mirador de San Nicolas les guitares résonnent. La main coure le long des cordes, frappe du bout des doigts son corps de bois dans un rythme passionné. Les voix cassés des chanteurs nous agrippent le corps et nous entraîne dans la danse à notre tour.

 
Nos mains claquent ! Nos corps vibrent ! Nous voila plongées dans le songe de l'Andalousie, on imagine claquer les talons de la danseuse de flamenco sur plancher, comme des battements de cœur effrénés, elle nous laisse entrevoir ses mollets et fait virevolter sa robe rouge aux longs voiles, cintrant son corps depuis la chute de ses reins, laissant se découpé dans l'obscurité une silhouette longue et affinée. Les bras nus, ses mains entrent dans des mouvements souples et majestueux, en toute grâce et la féminité, les yeux rivés vers le sol, le bras courbé, l'autre agripant du bout des doigts le tissus de sa longue robe. Elle est comme le vent, tourne, vole, tombe, claque, soulève les âmes autour d'elle.
La guitare s'arrête, nos mains se posent sur nos jambes, nous revenons petit à petit sur le muret du mirador, regardant la montagne, fermant les paupières pour se réchauffer à la douce chaleur de ce soleil ardent. Etat d'osmose, de bien être... C'est Grenade...








mardi 8 décembre 2009

portrait d'Hommes malades (vision très engagée)

Ruelles sombres, air vif qui tranche la peau comme des lames de rasoirs, ambiance chaotique. Une femme titube sur les pavés. Une bouteille dans une main, et se balançant le long de son corps, son autre bras où les os accrochés à son omoplate pendent nonchalamment en rythme avec ses pas. L'éther ronge ses viscères, son foie et, comme un feu de signalisation, rougis son visage couvert d'une touffe de cheveux blondis, où déjà ses yeux sont vagues et sans expression. Elle parle toute seule, elle est sans but apparent. Sans doute n'a t-elle pas de chez elle. Sa destination: la rue, sa maison: quelconque coin de rue, muret ou encore seuil de banque. Elle est jeune et pourtant son corps paraît comme une sculpture vieillie par une vie de bohème. Le même portrait se répète tout au long de la Calle Elvira. Des personnages, attaqués par une vie qui n'a pas été clémente avec eux, sont là, dans ce décor lugubre, assis ou titubants et nous fixent intensément de ce regard vide. L'un me demande une cigarette, un autre, portant sur ses épaules un vieux téléviseur et chantant, me demande une cigarette à son tour. Un monde nocturne qui contraste avec celui du jour où défilent les touristes, les badauds, les spectateurs et admirateurs d'une ruelle aux tons orientaux et aux contours médiévaux qui les font, nous font, voyager dans un autre temps au milieu d'une ville moderne aux mêmes enseignes de multinationales que dans n'importe qu'elle grande ville d'Europe et du monde. Portrait romancé par effet de style, mais qui est le résultat, lui réel, d'une humanité malade, d'une maladie sans vaccin découvert, jusqu'ici, par notre tendre et chère pharmaceutique politique. Certains choisissent volontairement de s'éclipser de ce monde, dans une montagne moins sauvage que la ville, vivant comme nos ancêtres, dans des grottes. D'autres subissent les contre coups de cette maladie et ne sont pas seulement, ceux de la rue qui n'ont pas le sous, mais aussi ceux qui vivent dans l'abondance, également perdus, voire, parfois plus que ceux qu'on appellent "marginaux", "SDF", "chômeurs", etc... Perdus dans leur être, étouffés par la société matérialiste tant idéalisée par de nombreux rêves d'un Eldorado occidental. Les jeunes cherchent leur identité oubliée dans le précipice creusé par leurs ancêtres au court de l'histoire. Ce donnent des styles conventionnels ou originaux pour se sentir appartenir à la néo-tribus sociale construite de toute pièce par des images véhiculées à la télé, à la radio, dans l'institution actuelle, par nos politiques, par nos parents, qui sont dans l'inconscience d'être, eux aussi affectés et ne le font pas de manière volontaire. La confusion croît au court de la vie de chaque individu, la maturation nous plonge dans l'incertitude, le doute, le flou sur le but de notre expérience dans l'incarnation, notre raison d'être. Cet état dubitatif n'apparait que par périodes, il surgit de la profondeur obscure de notre Être. On préfère laisser à la trappe ces questionnements, se réfugiant dans la pseudo stabilité de notre état, dans le confort (ou pas) de notre maison, de notre situation économique, au sein de la famille qui nous donne un rôle. Mais le père, la mère, qui voit son enfant grandir et quitter le nid, finit parfois par ne plus savoir quelle est sa place, son rôle, s'il en a un (ce demande t-il). Le jour où la stabilité financière se retrouve bouleversée par la crise, le stress commence à envahir l'individu jusqu'à suer dans ses pores. Quand il s'agit de se séparer de son conjoint, alors c'est une nouvelle personne qui doit se reconstruire. A 40 ans souvent, les yeux s'ouvrent brutalement sur une réalité : la vie n'a été qu'une illusion. On est comme à un retour à l'adolescence, à se rechercher une fois de plus. Cela fatigue le corps et l'esprit, que l'adolescent lui à les ressources pour combattre plus facilement. Triste tableau que je dépeints là. Ce n'est que ce que je pense maintenant, à ce moment précis et je ne considère pas cette réflexion comme un destin inéluctable. Je crois même que les preuves qui m'ont été données de voir des vies saines et harmonieuses sont encourageantes et me donnent de l'espoir dans la noirceur de la peinture. Il y a toujours un point lumineux qui conduit vers le soleil, vers l'accomplissement de l'être, une frange d'or dans un ciel nuageux. Posons nous plus souvent pour se retrouver soi même, méditons sur nous même et la vie qui nous a été offerte d'expérimenter, montons en haut de la colline pour percevoir le monde de plus haut et élever notre pensée. Aimons nous, nous -même et aimons les autres, nos ennemis en premier. Soyons satisfaits d'être plutôt que d'avoir. Un week end à la campagne c'est génial! Mais je crois que ce n'est pas suffisant. On porte sur notre dos une charge lourde et encombrante où que l'on soit. C'est, à mon sens donc, à l'intérieur qu'il faut chercher la sérénité, l'environnement ne peut que y contribuer mais tout vient de nous même. Après avoir déballé mes états d'âme, avoir provoqué, je vais m'arrêter là pour aujourd'hui et reposer mon esprit enflammé et le votre, lecteurs quelques vous soyez.

dimanche 6 décembre 2009

Toujours plus loin, toujours plus haut.

Sur le versant ombragé de la montagne, je m'engageais dans une aventure périlleuse. Il faisait 5 degrés, s'étalaient des pans entiers d'herbes dans une couverture gelée. Au loin résonnait le chant des coqs, en chœur avec les cloches de la cathédrale. Je ne savais pas où me mènerait ce chemin, mais une chose était sûre, il me conduirait toujours plus loin, toujours plus haut. A la découverte de Grenade sous un autre angle. Je crois que je n'aurais jamais assez d'une année pour découvrir toutes les merveilles qu'offre, à nos yeux ébahis, cette ville splendide aux milles secrets. Je m'avançais sur le chemin qui montait vers un inconnu, un versant que je n'avais pas encore exploré. Derrière moi la ville s'éloignait et devenait de plus en plus petite, caressée par un froid piquant et une lumière blanchie par l'hiver. Des cheminées crachaient leur fumée dégageant des parfums de châtaignes grillées ou de bois humide donnant leurs dernières ressources énergétiques. Les arbres portaient sur leurs épaules de longs châles de feuilles dorées ou couleur sang, qui brillaient dans leur transparence, traversées par des rayons bienfaisants d'un soleil à la lumière dégoulinante comme une douce vague s'étalant sur les toits, dans la vallée, sur les maisons. L'automne peint la ville d'un chinée de couleurs ocres et jaunis. Tapisse les murs d'un jaune pale, et où les ombres des passant se perdent dans le tapis de feuilles mortes. Un régale pour les yeux, un poème pour les romantiques, et des mots qui voudraient exprimer la grandeur de cette vision mais n'arrivent pas à sortir. Je croisais sur le chemin des badauds en promenade dominicale, profitant de ce don de la nature. Je gravissais ce chemin, mais ne pouvais encore imaginer ce qui m'attendait plus loin. Des petits chemins de terre, où les pierres roulent, la terre glissent sous les semelles s'élançaient derrière des branchages marrons-verts. Ça sentait l'humus, et la fraicheur qui me piquait le nez s'était transformer en vapeur de chaleur sous mon manteau par l'énergie que produisait mon corps. Ce que je prenais pour la fin de mon périple était en réalité le début de l'aventure, le chemin était de plus en plus petit et de plus en plus sinueux. Arrivée à ce que je pensais être un cul de sac un chiot vint me sauter dessus pour jouer. Il appartenait à un de ces nombreux Hommes des cuevas (troglodyte) qui vit là, isolé de tous, dans ces trous dans la roche fermés par une couverture. Son petit chez soi est très bien aménagé, il y a même des pancartes où il est inscrit « toilettes » sur une porte enclavée dans la roche. Il était vêtu d'un pantalon militaire, d'un bonnet, d'un gros pull et son visage était parcouru par des tranchées que la vie lui avait creusée. Très aimable, il m'indiqua le chemin que je devais suivre si je voulais continuer ma randonnée improvisée. Je serais bien restée avec lui à parler du pourquoi du comment d'une vie dans une grotte. Les grottes - ai-je lu plus tard - sont là depuis la période du paléolithique et étaient habitées par les hommes avant que naissent l'agriculture et l'élevage. La tradition s'est perpétrée et de nombreux artistes, ermites y vivent encore. Une rencontre que je trouvais peu banale et qui me faisais penser à tous ces chamans dans les film qui vivent dans la montagnes avec ce que leur offre la nature, clémente soit elle à ses heures ou stérile à d'autres moments. Je m'engageais donc entre les branches et les herbes de la steppe, peu sûre de moi même et de mes jambes qui commençaient à flagoêller à la vue du vide qui s'étalait le long du chemin. Je passais sous les branches en m'agrippant autant que je pouvais. Une chanson très kitch passait en boucle dans ma tête, « toujours plus haut.... toujours plus haut oh oh oh …..la la la la » d'ailleurs les paroles ne sont probablement pas celles là. Mes pieds glissaient et je ne faisais vraiment pas la fière. Je m'imaginais dégringoler la montagne et cette idée me coupait les jambes. Je me répétais en même temps que la chanson défilait, ou entre deux temps « courageuse, mais pas téméraire », je m'obligeais donc à avancer contre ma peur à la découverte de l'incertain et du difficile, mais du merveilleux dépaysement et d'une grande tranquillité loin du fourmillement de la ville. Après avoir glissé sur deux trois pierres, avoir eu mon coeur qui battait la chamade, m'être agrippée à du houx, avoir enserrer une branche d'arbre, m'être accrochée à une racine, je décidais de m'arrêter par là et de poser mes fesses sur une botte de terre dominant le vide. En face, je prenais conscience qu'il y avait autre chose derrière les montagnes et qu'un monde existait au delà de ma vision réduite que j'avais de Grenade. J'étais stupéfaite et contente. Je me fumais une clope assise dans l'herbe mouillée et froide. Ma pensée voyageait dans les vallées, les monts, la roche, les cuevas, la grandeur dans le vide. Enfin, je pensais au chemin du retour, je retournais sur mes pas, mais alors que l'allée m'avait parut difficile, le retour n'en était que pire. Monter n'était pas si difficile comparé à la descente glissante et sans attaches. Je courais dans la pente pour que mes pieds aient le moins d'appuis possibles au sol. Je m'amortissais dans la montée suivante. Il y avait là un chemin qui descendait et me semblait moins dangereux que le premier. Je passais par là, me disant que si ça n'aboutissait pas, je pourrais toujours faire demi tour. Me m'engouffrais dans un bosqué le long du vide toujours et arrivais encore à un cul de sac. Avec mon fâcheux entêtement de ne jamais revenir sur mes pas, je me suis entrainée dans une escalade sur un terrain escarpé. Je m'accrochais aux pierres que je trouvais, mes pieds glissaient, je prenais une impulsion pour attraper une racine d'arbre, que je ne pouvais qu'imaginer solide. J'étais dans un équilibre incertain et me lançais en un seul mouvement en quête de prises. Mes jambes tremblaient et je me disais que j'étais folle de faire ça. Mais une fois que ma main rencontra une branche solide et que mes pieds me lâchaient à ce moment là, j'entrepris de bloquer mon pied dans la même racine que l'arbre ou je m'étais perchée. Il me restais plus que quelques mètres avant de gagner le sommet et d'être libérée de cette galère où je m'étais mise toute seule. J'avais réussis à surmonter l'obstacle sans revenir en arrière. J'étais contente, mais je me rendais compte que dans la vie parfois on peu se simplifier les choses en revenant quelques pas en arrière et choisissant un chemin plus facile. Mais pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? Une fois rejoint le chemin de randonnée normal, la route me parue plus rapide et moins intrépide. Je retournais dans la civilisation et me rendais compte que l'évasion dans la nature n'était qu'à quelques mètres de l'urbanisme. Cette contrée est vraiment étonnante par ça variété de paysages. Je me fondais dans la foule de touristes venus pour le pont. Sale et pleine de terre. Encore pleine de l'émotion que m'avait procurée mon excursion.

dimanche 25 octobre 2009

le coucher de soleil sur Grenade

Dimanche 25 octobre. Il est 17h30. Le soleil commence à baisser dans le ciel. Il fait encore chaud. Je me décide à aller à Albaicyn profiter de la beauté qu'offre le coucher de soleil. Je descends, armée de mon appareil photo. Je ne sais pas dans combien de temps le soleil sera vraiment à l'horizon, offrant à nos yeux ébahis, la beauté de sa lumière. J'attends le bus, maudissant son retard. Je serais prête à faire du stop s'il le fallait pour ne pas être en retard pour ce spectacle fabuleux. Je descends à Triunfo, imaginant que je retrouverais rapidement de le chemin du Mirador, mais sans conviction. J'entre par la porte d'Elvira, je marche sur ses rues pavées et m'engouffre dans ses ruelles. Je monte à la première rue qui donne dans le labyrinthe de l'Abaicyn. Je découvre une fois encore une nouvelle rue. Une ruelle pavée, une fois encore, aux pierres arrondies par les nombreux passages des marcheurs. Je découvre une pente abrupte et mes muscles des jambes le sentent. Je pars d'un pas rapide et au fur et à mesure, je ralentie par la fatigue. Mais arrivée en haut je rencontre un paysage merveilleux, où le soleil encore radieux illumine la ville et reflète sa lumière sur les murs blancs des vieilles bâtisses. Navigant maintenant sans boussole ni indications, je me perds. Perchés sur un mur, des chats sont blottis les uns contre les autres, les yeux plissés comme envahis par la sérénité d'un tableau aux multiples décors. Ils sont paisibles et beaux. Me voilà absolument paumée, je n'ai aucun repère et je commence à me dire que mon goût pour la découverte va me couter cher si je n'arrive pas à mon objectif avant la nuit tombée. Je déguste cependant chacune des vues qui me sont données de voir. Je suis de nouveau au même endroit que 5 minutes plus tot, j'ai tourné en rond. Je désespère un peu mais continue mon chemin le plus rapidement possible comme entrée dans une course contre le soleil. Je crois reconnaître des murs, des dessins, des pavés, des maisons, mais je suis encore dans un mirage et me perds de nouveau, mais découvre en route d'autres coins toujours plus intéressants les uns que les autres. Où vais-je, où suis-je? Mais finalement ces questions sont les questions que je me pose tous les jours et pourtant, je me sens plus sure de l'issue de ce vagabondage que de l'issue de ma vie. Je cherche à m'orienter avec le soleil, mais les hauts murs qui bordent les rues, m'empêchent d'avoir quelques informations possibles pour m'aider à avoir une idée du lieu où je pouvais être. Je pense suivre les touristes, mais ils vont dans tous les sens. J'aperçois enfin l'église de la place du Mirador au bout d'une rue. Mon coeur commence à s'emplir de satisfaction et de joie. Je suis aussi soulagée, car j'ai gagné ma course et ne serais pas en retard pour le spectacle. La place est bondée de touristes, de roots, d'amoureux, de chanteurs à la guitare, de spectateurs en tout genre. J'essaie de me frayer un chemin pour atteindre un point de vue qui me permettra de prendre des photos. Je suis en extase. Je ne m'étais pas trompée, le spectacle qui se déroule ici est merveilleux. Le soleil descend rapidement derrière les montagnes, donnant des tons différents aux paysages à chaque instant. Alors que les jardins dans l'Alhambra dessinaient des ombres sur ses parois, il advint rapidement qu'elle fut sombrée dans l'obscurité. Les monts passant du gris à l'ocre, fendus par un vert intense et parsemés des quelques neiges tombées ces derniers jours. Peu à peu, le monde est plongé dans l'obscurité, les yeux brillent et reflètent la rougeur du ciel, contrastée par la noirceur des sommets lointains. Les étoiles de la ville commencent à scintiller. Alors que nous sommes dans la grandeur de la nature, la ville s'agite en bas, mais semble loin de toute la beauté dans laquelle elle est bercée. J'ai retrouvé mes sens, je ne suis plus perdue et admire en silence, un silence intérieur entrecoupé par la musique et les voix des gens autour de moi. Je m'assoie à une terrasse, je commande une bière comme ultime cadeau, comme plaisir final après la jouissance. Repartie, ragaillardie, je file au gré des rues. Et finalement, mon plaisir ne s'est pas arrêté sur la place à la terrasse. Il fait très sombre, mais le rouge de la lumière est devenu beaucoup plus intense et le contraste avec les montagnes est encore plus marqué, les silhouettes des cactus dansent sur un fond de roche, et la ville scintille encore plus. Il fait un peu plus frais maintenant, mais mon petit pull à manche mi courtes est amplement suffisant. Albaicyn, c'est comme un passage entre la nature et la ville par lequel il faut se perdre pour ne pas effectuer le transfert trop promptement. Et ce coup ci je connais mon chemin et avance seule.